Midis de l'ARES

La dimension « ouverte » de la recherche et de la communication scientifiques est, depuis plusieurs années, identifiée comme un réel enjeu de société. Multiforme, l’Open Science touche à la fois la recherche (Open Data), l’enseignement (Open Education), la recherche-développement (Open Innovation), mais aussi la publication et l’édition scientifiques (Open Access). Cette nouvelle manière, plus démocratique, de « faire science », remet, à son tour, en question, une série d’autres modèles connexes, comme l’évaluation de la recherche ou la façon dont on accède aux publications et à quel(s) prix…

L’Open Science se définit comme une manière alternative d’envisager le cycle de la production et de la diffusion scientifiques. Mouvement aujourd’hui largement accéléré par les possibilités qu’offre la digitalisation, elle se fonde essentiellement sur une approche collaborative de la science et sur une accessibilité la plus rapide et la plus large possible des données et des résultats de la recherche dans une perspective de visibilité des travaux et de développement partagé de la connaissance.

L’accès libre aux publications scientifiques en constitue une dimension majeure. L’enjeu est d’autant plus critique lorsque ces publications reposent sur des recherches financées par les pouvoirs publics, dont les résultats doivent pouvoir servir la communauté dans son ensemble, dans une optique de préservation de l’information scientifique comme bien commun et de lutte contre la privatisation des produits de la recherche.

En Fédération Wallonie-Bruxelles, l’Université de Liège (ULiège) a été pionnière en matière d’Open Access. Dès 2007, elle a développé et encouragé un modèle fort, reconnu aujourd’hui à l’échelle internationale. Le « modèle liégeois » impose au chercheur un dépôt immédiat de toutes ses productions scientifiques sur un répertoire institutionnel avec accès optionnel en fonction des contraintes des éditeurs, dépôt qui offre une vision d’ensemble sur la production scientifique de l’institution et qui constitue le socle exclusif de son évaluation pour la carrière des chercheurs.

L’initiative a fait tâche d’huile si bien qu’aujourd’hui, la plupart des agences de financement de la recherche, comme le FRS-FNRS, l’ont adoptée. Dès 2012, la Commission européenne recommandait aux États membres de développer et de mettre en œuvre des politiques et des stratégies d’accès libre à toutes les productions scientifiques financées par des fonds publics tout en conditionnant l’accès à son programme-cadre « Horizon 2020 » à l’engagement des bénéficiaires à rendre leurs résultats librement accessibles.

Mais, encore actuellement, les pratiques et les modalités varient. Les stratégies privilégient tantôt la « voie verte », tantôt la « voie dorée », tantôt des modèles hybrides. Elles intègrent soit exclusivement les publications scientifiques, soit y associent la littérature grise voire s’étendent à l’Open Data.

Les intérêts des uns et des autres sont aussi variés que la diversité des acteurs en présence. À l’heure actuelle, tout l’enjeu consiste à contenir cette diversité et à faire converger les approches et les intérêts pour garantir la concrétisation du paradigme « Open Science ».

Atteindre cette convergence repose sur toute une série de facteurs. Ils vont de la sensibilisation et de la création d’une vision innovante de la communication scientifique, partagée entre chercheurs, éditeurs, bibliothécaires… aux soutiens politiques et institutionnels de haut niveau.

Un tel basculement repose aussi sur les « big deals », ces modèles économiques et tarifaires négociés collectivement avec les grands éditeurs, qui soient abordables pour les institutions. Il passe également par des corequis d’ordre matériel comme le développement d’infrastructures et de services harmonisés, dont les majors de l’édition ont bien compris qu’ils étaient un nouvel eldorado… Sans parler de la nécessité de refonder le système des indicateurs de performance de la recherche (les « métriques ») pour faire émerger une nouvelle culture de l’évaluation de la recherche, que ce soit pour les rankings ou pour les processus de sélection concurrentiels des projets scientifiques.
 
Où en est-on en Fédération Wallonie-Bruxelles ? Comment nos établissements d’enseignement supérieur et leurs chercheurs vivent-ils ou promeuvent-ils la transition vers l’Open Access ? Quel impact sur les bibliothèques et learning centers ? Quels sont les développements envisagés en Fédération ? Et, au-delà, quel rôle pour les organisations internationales dans le processus ?

Pour faire le point et aborder toutes ces questions, Marc Vanholsbeeck, responsable de direction au Ministère de la Fédération Wallonie-Bruxelles et notamment expert de l’Open Science, dressera le cadre de la discussion en brossant un tableau général de l’historique, des concepts et des dernières grandes actualités en matière d’Open Access. À l’échelon européen, le travail mené par l’European University Association (EUA), entre autres sous la forme d’une feuille de route publiée en février 2016, sera présenté par Jean-Pierre Finance, président honoraire de l’Université Henri Poincaré – Nancy (France). Il reviendra en particulier sur la question des « Big Deals » sur laquelle s’est penché un groupe d’experts mandaté par l’EUA auquel il a pris part. Bernard Rentier, reviendra, quant à lui, sur le modèle liégeois et sur sa mise en œuvre, et présentera l’état d’avancement des développements politiques en Fédération Wallonie-Bruxelles. Enfin, Paul Thirion, qui préside la Commission « Bibliothèques » de l’ARES et est à la tête des bibliothèques de son université, évoquera l’impact de ces développements sur les politiques de gestion documentaire des établissements avant que la discussion, animée par Marc Vanholsbeeck, soit ouverte avec les participants.
 

Ressources :

Lectures d'intérêts


Intervenants :
  • Marc Vanholsbeeck, responsable de la Direction de la recherche scientifique au Ministère de la Fédération Wallonie-Bruxelles

    Docteur en information et communication de l’Université libre de Bruxelles (ULB), Marc Vanholsbeeck est responsable de la Direction de la recherche scientifique au Ministère de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Ses recherches doctorales consacrées à l’évaluation des chercheurs sous l’angle de la notion de qualité des publications scientifiques ont largement contribué à son expertise dans le domaine des politiques de recherche, en particulier en matière d’Open Science, dont il suit de près les développements à l’échelle nationale et internationale. Il est également Maitre de conférences à l’ULB, où il enseigne les principes de la communication scientifique ouverte et les méthodes de recherche dans le domaine des sciences de la communication.
     
  • Bernard Rentier, recteur honoraire de l’ULiège

    Recteur de l’ULiège de 2005 à 2014, virologiste et immunologiste de formation, Bernard Rentier est un des pionniers de l’Open Access en Fédération Wallonie-Bruxelles, en Europe et dans le monde. Dès 2003, il a appelé son université ainsi que le FNRS et les autorités en Fédération Wallonie-Bruxelles à signer la Déclaration de Berlin relative à l’Open Access. Dans cette perspective, dès 2007, il a été à l’initiative du développement du « modèle liégeois », le dépôt institutionnel de l’ULiège reposant sur la « voie verte ». Bernard Rentier a également fondé et présidé l’association Enabling Open Scholarship (EOS), chargée de la promotion du libre accès à l’information scientifique au sein des universités et institutions d’enseignement supérieur en Europe. En tant que défenseur de l’Open Access, il est fréquemment invité partout dans le monde à partager ses vues et ses perceptions sur l’évolution de la communication scientifique et sur la recherche en général.
     
  • Jean-Pierre Finance, président honoraire de l’Université Henri Poincaré – Nancy, ex président de la Conférence des présidents d’université (France) et membre du groupe d’experts sur l’Open Science de l’EUA

    Président de l’Université Henri Poincaré – Nancy de 2004 à 2011, informaticien et mathématicien de formation, Jean-Pierre Finance participe activement aux travaux européens sur l’Open Science, en qualité de président du groupe d’experts Science 2.0/Open Science, établi par l’EUA. De 2006 à 2008, il a présidé la Conférence des présidents d'université (CPU) en France, dont il a ensuite été le Représentant permanent auprès de l’Union européenne, à Bruxelles. Membre du Board de l’EUA de 2009 à 2013, et sensibilisé aux différents impacts du numérique sur l’enseignement supérieur, il s’est impliqué dans de nombreux dossiers relatifs, entre autres, aux classements internationaux, à la qualité, à l’évaluation et aux modèles de financement de l’enseignement supérieur.
     
  • Paul Thirion, directeur ULiège Library

    Paul Thirion dirige depuis 2004 les bibliothèques de l’ULiège. Il a également été successivement président de la Commission « Bibliothèques » du Conseil interuniversitaire de la Communauté française (CIUF), président de la Bibliothèque interuniversitaire de la Communauté française de Belgique (BICFB) et actuellement président de la Commission des bibliothèques et services académiques collectifs de l'ARES. Il est, avec Bernard Rentier, l’artisan du modèle d’Open Access liégeois et de son répertoire institutionnel « ORBi ». Il a également développé d'autres initiatives Open Access pour l'ULiège comme PoPuPS (Portail de publication de périodiques scientifiques en Open Access), MatheO (Master Thesis on line) ou encore DONum ULiège (Dépôt d'objets numérisés). Il est régulièrement invité à l'étranger pour présenter l'expérience ORBi et la politique d’Open Access de l’ULiège. Il est également actif dans le domaine de l'Information Literacy.
     

QUAND ? 

Mardi 12 décembre 2017, dès 11h30 - Fin à 14h00

QUOI ?

  • 11h30 : accueil des participants – sandwiches lunch
  • 12h00 : historique, concepts et dernières grandes actualités en matière d’Open Access, par Marc Vanholsbeeck
  • 12h15 : perspectives à l’échelle européenne et « Big Deals », par Jean-Pierre Finance
  • 12h30 : modèle liégeois et développements politiques en Fédération Wallonie-Bruxelles, par Bernard Rentier
  • 12h45 : Open Access et impact sur les politiques de gestion documentaire dans les établissements d’enseignement supérieur de la Fédération Wallonie-Bruxelles, par Paul Thirion
  • 13h00 : débat avec les intervenants et échanges avec les participants

OÙ ?

ARES (Académie de recherche et d’enseignement supérieur), rue Royale 180, 1000 Bruxelles (5e étage)

 

INSCRIPTION ?

La participation est gratuite, mais l'inscription est obligatoire.

 

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