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Ce vendredi 26 février 2021, l’Académie de recherche et d’enseignement supérieur (ARES) organisait, en comité restreint et en respect des conditions sanitaires en vigueur, la remise du prix Philippe Maystadt pour sa deuxième édition. Trois travaux, dans les catégories bachelier, master et doctorat, ont été récompensés ; travaux dont l’objet de recherche est en lien avec des thématiques d’actualité pour l’enseignement supérieur : réforme de la formation initiale des enseignant·es, impacts du décret « paysage » sur le parcours des étudiant·es et inclusion sociale.

En présence de la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Valérie Glatigny, et de l’administrateur de l’ARES, Laurent Despy, la présidente du jury, Françoise Tulkens (ancienne juge et vice-présidente de la Cour européenne des droits de l’homme), a remis les prix aux lauréates dans trois catégories précitées. Les lauréates dans la catégorie « Bachelier » et « Master » se voient récompensées d’un prix d’un montant de 2 000 euros, alors que la lauréate de la catégorie « Doctorat » a reçu un prix de 4 000 euros.


L'argile comme matériau de prédilection pour l'inclusion sociale

Cette année, le prix « Bac » a été remis au trio formé par Margot Piscina, Nadège Rase et Marie Lamerant, de la HE Vinci. Leur travail de fin d’études (TFE) s'intitule « L’enfant TDAH et l’argile. Réflexion autour de la création et de l’implémentation d’un dispositif artistique à destination des enfants TDA(H) dans l’enseignement ordinaire (cycle 3) ».

Ces étudiantes sont parties du constat de la prépondérance de troubles du déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité (TDA(H)) au sein de l’enseignement ordinaire. Elles ont souhaité analyser ce défi, et plus largement celui de l’inclusion scolaire, et proposer des aménagements concrets à mettre en œuvre dans les classes pour soutenir les élèves et les enseigant·es. D’emblée, l’argile leur est apparue comme un matériau de prédilection, servant « d’objet médiateur de symbolisation, qui tolère l’erreur, le recommencement, le doute et qui, par son caractère primitif, réactive une mémoire enfouie en chacun de nous ».

Elles se sont ainsi attardées sur les atouts procurés par ce médium d’argile pour les besoins spécifiques de l’enfant TDA(H), et ont rassemblé une quantité de ressources destinées aux professeur·es et pouvant nourrir l’usage du dispositif en classe. Outre un dossier pédagogique « clé en main » pour l’enseignant·e, les étudiantes proposent aussi un accès à une chaîne YouTube qui recense en plus de 15 vidéos explicites, des ateliers et des spectacles, ainsi que la présentation de leur travail.

Les membres du jury ont souligné le caractère exhaustif, la qualité et la rigueur de ce travail, encore davantage amplifiés par le trio qu’elles ont intelligemment composé.

EN SAVOIR + : télécharger le résumé de leur travail.

Impact du décret Paysage sur le succès des étudiant·es à l'université

Le prix « Master » a été décerné à Léonore Lebouteiller, de l'ULB, pour son mémoire « Cadeau empoisonné ? Analyse de l’impact du décret Paysage sur le succès des étudiants à l’université ».

Ce mémoire est l’un des premiers travaux de recherche à étudier les effets du décret « paysage » en termes de suivi des abandons et des diplomations, en particulier pour les étudiant·es provenant de milieux socioéconomiques défavorisés. Léonore Lebouteiller s’est attelée à l’analyse de plus 17 000 étudiant·es de 1re génération de bachelier de l’ULB. Ses résultats renforcent l’hypothèse suggérant que le décret a incité les étudiant·es à persévérer dans les premières années de leur parcours, mais a pu mener à une augmentation des abandons tardifs.

Consciente de l’impact que ce décret peut également avoir sur des étudiant·es provenants de milieux défavorisés, l’étudiante plaide alors pour un renforcement de la recherche permet d’améliorer le cadre institutionnel organisant l’enseignement supérieur en Fédération Wallonie-Bruxelles.

Le jury a été convaincu par le potentiel important de ce travail et par son apport conséquent pour les futurs développements dans l’enseignement supérieur. Il pourra notamment constituer un outil crucial pour aider à la décision politique publique.

EN SAVOIR + : télécharger le résumé de son travail.

La réfome de la formation initiale des enseignant·es

Enfin, le prix « Doc » a été décerné à Marie Bocquillon, de l'UMONS, pour sa thèse intitulée « Quel dispositif pour la formation initiale des enseignants ? Pour une observation outillée des gestes professionnels en référence au modèle de l’enseignement explicite ».

Environ 35 % des enseignant·es quittent le métier endéans leurs cinq premières années. Face à cet enjeu sociétal majeur, cette thèse de type « recherche-action » propose d’améliorer un dispositif de formation pratique organisé à destination des futur·es agrégé·es de l’enseignement secondaire supérieur à l’UMONS, par la création d’un outil d’observation pouvant être utilisé en direct sur le terrain (écoles) et permettant aux futur·es enseignant·es d’obtenir des informations les plus objectives possible au sujet de leurs pratiques d’enseignement.

Par ailleurs, les résultats ont notamment mis en évidence le fait que les interventions recueillies auprès des futur·es enseignant·es visent essentiellement à gérer les apprentissages au détriment de la gestion de la classe. Ils mettent en évidence que certains gestes professionnels fondamentaux, tels que l’objectivation de la compréhension des élèves, doivent faire l’objet d’une formation approfondie.

Les membres du jury ont souligné l’apport significatif que constitue cette thèse dans le contexte actuel de la réforme de la formation initiale des enseignant·es. Elle propose par ailleurs des solutions concrètes à des difficultés réelles rencontrées par les enseignant·es sur le terrain.

EN SAVOIR + : télécharger le résumé de son travail.

 

Au total, le jury a reçu 48 candidatures dans les trois catégories du Prix Philippe Maystadt. Ses membres ont souligné la grande qualité des travaux reçus, et ce dans des domaines d’études très divers. La grande majorité d’entre eux ont été impactés par les effets de la pandémie de Covid-19 et du confinement, prouvant de capacités d’adaptation et de réactivités dont ont pu faire preuve les étudiant·es dans ce contexte.

Une présentation plus extensive des travaux sera organisée le 6 mai prochain de 12h à 14h, à l’occasion d’un Midi de l’ARES. Davantage d’informations suivront à ce sujet. Pour être tenu au courant, inscrivez-vous à la liste de diffusion des Midis de l’ARES.

 

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