Alors que se clôturent les journées doctorales à l’Université Abdou Moumouni (UAM) et que se réunissent les acteurs belges de la coopération intervenant au Niger pour le Dialogue Stratégique, nous vous proposons un focus sur la coopération académique et l’appui institutionnel qui associe l’UAM et les établissements d’enseignement supérieur de la Fédération Wallonie-Bruxelles depuis 2014.
Fin 2013, en bouclant le dossier de formulation du partenariat, les académiques nigériens, nigériennes et belges participant aux travaux voient loin et affichent leur ambition : l’objectif de cet appui à l’UAM sera d’améliorer la performance de l’université dans ses trois missions fondamentales, que sont la recherche, l’enseignement et les services à la société. Il s’articulera aussi autour de divers axes thématiques identifiés par les autorités de l’UAM, dont l’amélioration de la qualité et la pertinence de son enseignement dans le cadre de son passage au système Licence-Master-Doctorat (LMD).
Qu’en est-il en 2020 ? Les diverses missions de formation organisées tant au Niger qu’en Belgique ont-elles permis un véritable renforcement des capacités ? La qualité de l’enseignement a-t-elle évolué ? L’UAM répond-elle mieux aux attentes de la société nigérienne ?
Avec leurs homologues belges Jean-Emile Charlier (UCLouvain/Mons) et Xavier Denys (ULB), Toudou Adam (agronome et ancien doyen de la Faculté d’agronomie) et Boureima Amadou (géographe et ancien Vice-recteur de l’UAM) pilotent ce programme à Niamey et en assurent la continuité depuis ses débuts. Personnalités de références au sein de l’université nigérienne, ils rappellent les objectifs de ce programme en phase avec le plan stratégique de l’université et l’originalité de sa gestion collaborative.
Le développement de la gestion de la scolarité incluant le suivi du parcours de l’ensemble des étudiant·es au sein des différentes facultés est un enjeu majeur du fonctionnement quotidien de l’UAM et, par conséquent, de son développement. Elle permet de suivre la progression des étudiant·es dans leur parcours universitaire, de faciliter la mobilité entre les facultés et, information non négligeable, de superviser les frais d’inscriptions pour chaque étudiant·e. Pour ce faire, un logiciel informatique a été développé sous la direction d’Hassane Ganda (UAM) et de Christelle Coton (ULB), tous deux chargés de ce volet du programme. Comme l’explique le professeur Ganda, chef de la scolarité centrale, ce nouveau logiciel est une révolution. Polyvalent, il s’avère utile pour l’administration de l’UAM, mais aussi pour les étudiant·es et les enseignant·es.
Théorie et pratique vont de pair pour un enseignement de qualité
La modernisation et l’amélioration des laboratoires de travaux pratiques de premier cycle sont d’autres défis relevés par ce programme. Peu nombreux et mal équipés, les laboratoires ne permettaient pas la tenue suffisante de travaux pratiques pour les étudiant·es inscrit·es dans toutes les filières d’enseignements en général, mais plus spécifiquement dans les filières scientifiques. Il est pourtant essentiel qu’ils/elles soient confronté·es dès leurs premières années d’études à ces travaux pratiques, afin, d’une part, d’acquérir petit à petit une expérience d’analyse et de manipulation mais, d’autre part, de les intéresser à ces disciplines des sciences dures.
Maintenance du matériel dans un laboratoire de physiologie © Pierre Martinot
Microscopes, verreries, squelettes, tarières motorisées, ampoules à décanter et ballons rodés, acquis entre 2017 et 2020 sous la supervision de Moussa Harouna (UAM) et Nicolas Korsak (ULiège), ces équipements ont permis aux étudiant·es de renouer avec les travaux pratiques au sein de la Faculté de médecine (chirurgie anatomique, physiologie et anatomie-pathologie) et de la Faculté des sciences et techniques (géologie, physique et biologie). Un nouveau laboratoire de langues permet aussi l’apprentissage des langues dans des conditions optimales. Des techniciens et techniciennes de maintenance ont également été formé·es par le programme pour assurer l’entretien du matériel.
Près de 3000 nouveaux livres ont été acquis par le programme à destination des diverses bibliothèques de l’UAM © Pierre Martinot
Les bibliothèques de l’UAM ont également bénéficié d’une attention particulière durant ce programme. Bisso Saley (UAM) accompagné d’Annick Englebert (ULB), Marie De Viron et Marie-Laurence Dufrane (HE Condorcet) ont eu la responsabilité de faciliter l’accès à la documentation et de renforcer les capacités des bibliothécaires de l’UAM. En 2020, près de 50% des étudiant·es de l’UAM sont désormais inscrit·es dans les bibliothèques de l’université, par ailleurs toutes mises en réseau.
L’UAM, pépinières de talents
Doctoriales 2019, présentation des travaux de thèses en présence des professeur·es nigériens, nigériennes et belges
© Pierre Martinot
Enfin, l’appui à l’UAM comme pépinière de femmes et d’hommes destinés à assumer un rôle actif dans la vie académique et socioéconomique constitue un autre volet essentiel de l’appui institutionnel. L’actuel programme a permis le financement de sept thèses de doctorat tout en préparant l’avenir de la recherche en créant trois écoles doctorales : l’École doctorale des sciences de la vie et de la terre, l’École doctorale des lettres, des sciences de l’homme et de la société et l’École doctorale des sciences exactes et techniques.
Les Journées doctorales de l’UAM sont le socle d’un futur réseau de chercheur·es nigériens, nigériennes, burkinabè et béninois·es © Pierre Martinot
Dans le même élan, l’UAM a lancé ses journées doctorales, le rendez-vous annuel permettant aux doctorant·es de présenter l’avancement de leurs travaux. Organisées à l’échelle nationale en 2017, les journées doctorales ont pris une dimension régionale depuis l’édition 2018 avec la participation des doctorant·es de l’Université Joseph Ki-Zerbo (Burkina Faso) et de l’Université d’Abomey Calavi (Bénin). Pour le professeur Moussa Baragé (UAM), ces journées sont désormais ancrées dans l’agenda académique tant elles sont bénéfiques pour les étudiant·es, les enseignant·es et les chercheur·es des trois pays.
EN SAVOIR + : consultez le site web de l'ARES pour en découvrir davantage sur le programme d'Appui institutionnel et rendez-vous sur MOOVE, le blog de la coopération au développement académique de l'ARES, pour parcourir les différents programmes d'appui institutionnels