La pandémie de la Covid-19 n’a épargné personne depuis mars 2020. Dans les 13 pays où l’ARES met en œuvre ses programmes d’appuis institutionnels avec ses partenaires académiques, elle a profondément bouleversé les interventions en cours. Dès le mois de mars 2020, une réflexion a vu le jour sur la pertinence d’accompagner ces universités partenaires dans le développement d’initiatives dédiées à la lutte contre le virus dans leur pays respectif. Tour d’horizon de ces initiatives.
Basé sur une dynamique interuniversitaire au Nord comme au Sud, un vaste partage d’expertises et d’expériences a vu le jour dès les premiers jours de la pandémie, mobilisant un grand nombre d’enseignant·es-chercheur·es concerné·es par le développement fulgurant du virus. D’une part, cela a permis aux universités partenaires de l’ARES de répondre aux préoccupations sanitaires de leur population académique, d’adapter le mode d’enseignement vers le distanciel, d’initier ou de soutenir diverses recherches scientifiques s’avérant précieuses à l’échelle nationale et internationale. Et d’autre part, ces initiatives scientifiques ont permis à ces universités de s’inscrire avec efficacité dans les programmes nationaux de lutte contre la pandémie.
À la demande de promoteurs et promotrices de projets de coopération, le développement d’activités pilotes en lien avec la lutte contre la Covid-19 a été analysé par la Commission de la coopération au développement de l’ARES (CCD) et accepté. Jean-Paul Coutelier, professeur à l’Université catholique de Louvain (UCLouvain), se souvient des craintes qui animaient les épidémiologistes en mars 2020, notamment à l’égard des pays du Sud.
Un groupe interuniversitaire de réflexion s’est rapidement constitué. Chargé de sonder les intérêts des universités partenaires en Amérique du Sud, en Afrique et en Asie du Sud-est disposant d’une composante « santé » dans le programme de coopération, ce groupe a recensé les propositions et organisé la mise en réseau pour que chaque initiative puisse bénéficier de l’expertise scientifique des un·e·s et des autres.
Huit pays, issus des trois continents où l’ARES intervient, se sont investis dans cette dynamique spontanée, conscients de l’importance d’échanger leurs savoirs devant ce virus largement inconnu.
Les contacts se sont multipliés à l’échelle nationale et internationale et une plateforme web gérée administrativement par l’Université libre de Bruxelles (ULB) et supervisée par un groupe d’expert·es santé, a été créée pour faciliter les échanges d’information tant scientifique que logistique.
Les initiatives mises en œuvre ont couvert des champs très variés : études scientifiques, soutien aux enseignements à distance ou encore définition des protocoles sanitaires sur les campus.
À l’Université d’Abomey Calavi (UAC) au Bénin, c’est le renforcement des gestes barrières qui a retenu l’attention, afin que la communauté académique se protège et protège son entourage. Basile Kounouhewa, coordonnateur des formations de licence et master en énergie renouvelable et systèmes énergétiques à l’UAC, a mobilisé ses étudiant·es dans la conception d’un distributeur de gel hydroalcoolique, alimenté par l’énergie solaire.
Au Cambodge et en Haïti, les initiatives se sont focalisées sur l’adaptation de l’enseignement, avec une pratique quasi généralisée de l’enseignement à distance. Les deux universités ont eu recours à de nouvelles technologies mais aussi à de nouvelles méthodes pédagogiques.
À l’Université d’État d’Haïti (UEH), l’enseignement à distance a permis de sauver l’année académique. La Direction de l’informatique a multiplié les efforts pour développer une offre de cours en ligne dans huit facultés. Pour ce faire, l’UEH a fait l’acquisition de matériel de connexion pour la Cellule d’appui à la pédagogie universitaire (CAPU) et a soutenu les équipes techniques dans l’accompagnement des enseignant·es, désormais obligé·es de donner cours à distance.
À l’Institut de Technologie du Cambodge (ITC), où la pratique de l’enseignement à distance était déjà bien ancrée, l’université a souhaité renforcer son dispositif en faisant l’acquisition d’un mini studio mobile d’enregistrement. Un nombre croissant d’enseignantes et enseignants est en mesure de produire des contenus d’enseignement vidéo, tant pour les cours théoriques que pour les travaux pratiques effectués en laboratoire. Par ailleurs, un atelier a été organisé pour présenter aux enseignant·es de l’ITC les modalités de production du matériel didactique vidéo. Jusqu’à présent, l’équipe de développement a réalisé plus de 50 contenus vidéo.
© Institut des Technologies du Cambodge
Pour Marc Manuel Flimerlus (UEH) et Lay Heng (ITC), la consolidation d’une offre d’enseignement à distance est une plus-value pour les enseignant·es et les étudiant·es.
À l’Université du Rwanda (UR), place à la recherche scientifique ! Les chercheur·es mobilisé·es sur un projet de recherche et de développement sur les formes cliniques de la malaria ont réorienté provisoirement leurs travaux pour se consacrer à l’étude des réponses immunitaires chez les patient·es atteint·es de la Covid-19. La participation de l’ARES a consisté en la préparation et la fourniture de réactifs destinés au dosage de cytokines chez les patient·es, ceci dans le cadre du doctorat d’Ella Larissa Ndoricyimpaye, effectué sous la co-supervision de Jean-Paul Coutelier (UCLouvain) et de Nadine Rujeni (UR) qui nous précise les objectifs de cette étude.
EN SAVOIR + : D’autres initiatives viennent compléter celles présentées ci-dessus. Elles ont été développées à l’Université Joseph Ki Zerbo (UO) au Burkina Faso et l’Universidad Central del Ecuador (UCE) en Equateur. Elles sont à découvrir dans la publication « Covid19 – Une réponse académique et scientifique aux enjeux de la pandémie ».