Intégrer l’approche « genre » dans les projets de développement est une condition essentielle pour promouvoir un développement équitable. Une prise de conscience des actrices et acteurs de la coopération, des stratégies et des outils sont les corolaires de cette condition pour améliorer les compétences de ceux-ci et leur permettre d’intégrer le genre dans les différentes phases de la gestion d’un projet de développement. À Madagascar, les organismes belges impliqués dans la coopération au développement et leurs partenaires viennent de bénéficier d’une formation sur cette approche. Retour sur cette initiative.
Novembre 2019 à Antananarivo. Situation inédite : des religieuses et religieux salésiens de Don Bosco, des professeures et professeurs d’université et des représentantes et représentants d’associations paysannes échangent sur…les rôles de l’homme et de la femme dans leur foyer, les droits reproductifs et sexuels, l’homosexualité ou encore les nouvelles masculinités.
Aucun tabou ne freine Pascale et Lidia, les deux formatrices du Monde selon les femmes, responsables de l’animation de ce public hétéroclite. Pour elles, « il ne peut y avoir de développement sans des rapports sociaux égalitaires entre les femmes et les hommes.» Avec expérience et pédagogie, elles guident ces premiers échanges, tout en écoutant, tout en observant ! « L’approche genre est une analyse des rapports sociaux entre les femmes et les hommes. Elle repose sur une vision de la société où les femmes et les hommes sont égaux et différents.»
Les attitudes empruntées des premières heures font progressivement place à une parole de plus en plus déliée, signe que la confiance s’installe dans le groupe, une trentaine de personnes toutes membres des structures belges actives à Madagascar (ARES, Louvain Coopération, Entraide et Fraternité et Via Don Bosco) ou partenaires de celles-ci.
Les rapports de genre au centre de l’apprentissage collectif
Cette semaine de formation, organisée en synergie, émane d’une demande collective des membres de ces structures belges, convaincus qu’un apprentissage collectif est plus riche qu’un cheminement solitaire face au concept complexe du genre et face à la nécessité d’une remise en question permanente des objectifs et finalités du développement.
Tenant compte du contexte malgache, le programme est ambitieux : mieux comprendre le concept de genre, mieux connaître les enjeux de l’intégration transversale du genre, adopter l’approche genre dans la gestion d’un projet ou encore intégrer le genre dans les évaluations… Pour Pascale Maquestiau, à Madagascar comme ailleurs dans le monde, le genre doit s’inviter dans les débats de société.
Vers l’empowerment
Subtilement, au fil des jours, les modules de formation s’enchainent. Aux données et définitions de base, vont suivre des informations concernant les violences basées sur le genre (inceste, violences conjugales, prostitution) et leurs influences diverses sur l’individu et/ou la famille. Le groupe évoque les stratégies individuelles, communautaires, locales et nationales pour renforcer l’égalité entre l’homme et la femme. Cette acquisition de connaissances engendre plus de savoir, plus de pouvoir, plus de vouloir, les trois piliers de l’empowerment.
Ravaka Andrianaivotseheno enseigne le droit à l’Université d’Antananarivo. Pour elle, le fait de réunir toutes ces personnes venues d’horizons géographiques et socio-économiques si différents et de les faire échanger sur ce sujet sensible dans la culture malgache est déjà une victoire en soi. Elle est convaincue de l’impact de cette formation sur chacune des structures présentes.
Esprit critique plus aiguisé et capacité d’agir renforcée
Exposés, partages d’expériences, travail de groupe et initiation à des outils spécifiques… au terme de la semaine, les participantes et participants se disent plus à l’aise avec la notion du genre. Mieux informés, sauront-ils pour autant faire évoluer les mentalités au sein de leur famille, auprès de leurs amies et amis ou dans leur entourage professionnel ? Ils en sont convaincus. Chacune et chacun affiche la volonté d’adapter son discours et ses pratiques. Pour Ravaka Andrianaivotseheno, le mouvement est en marche. S’appuyant sur l’étude « La perception du genre à l'Université d'Antananarivo » qu’elle a dirigée en 2018, les autorités ont marqué la volonté de créer une cellule genre sur le campus d’Ankatso, lieu d’information et d’accueil pour la communauté académique. Au sein des autres associations, la même volonté existe de mieux intégrer l’aspect genre aux divers niveaux de leurs projets.
EN SAVOIR + :
- Que font les établissements d’enseignement supérieur de la Fédération Wallonie-Bruxelles à Madagascar ? Visitez Moove, le blog de la coopération académique et scientifique ;
- Télécharger le guide « Intégrer le genre dans la coopération non gouvernementale ».