Le 12 janvier 2010, Haïti connaissait la plus grande catastrophe naturelle de son histoire. Un tremblement de terre d’une magnitude de 7 dévastait une partie de l’île et notamment sa capitale, Port-au-Prince. 10 ans plus tard, l’heure est au bilan. La prévention est plus que jamais une nécessité pour anticiper de telles catastrophes. Plusieurs universités de la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB) sont concernées par cette option, développant divers projets de recherche et de formation en collaboration avec les académiques haïtiens.
Sur le plan des catastrophes naturelles, Haïti est l’un des pays les plus vulnérables de la planète. Dans cette zone géographique, le risque 0 n’existe pas, d’où l’absolue nécessité de mieux anticiper les risques de catastrophes.
Trois projets de recherche et de formation soutenus par l’ARES et mis en œuvre par l’Université catholique de Louvain (UCLouvain), l’Université de Liège (ULiège) et l’Université de MONS (UMONS) se concentrent depuis 2015 sur la prévention des risques naturels et un aménagement du territoire plus adéquat. À travers cette coopération qui mobilise également l’Université d’État d’Haïti (UEH), il s’agit de fournir à la société haïtienne les compétences nécessaires pour mieux anticiper les diverses formes de catastrophes qui frappent l’île à intervalle régulier.
Mieux évaluer les tremblements de terre pour réduire les risques sismiques
© Pierre Chevelin
L’évaluation de ces risques, voire leur réduction, requiert une vigilance permanente associée à une analyse de la vulnérabilité de la population. Le projet de recherche que viennent de lancer Hans-Balder Havenith (ULiège) et Kelly Guerrier (UEH) en 2019 va s’intéresser à cette composante sociale, en s'appuyant sur l'expertise de Sabine Henry (UNamur). De manière inédite, ce projet va analyser la résilience de la population face aux aléas sismiques, variant selon les caractéristiques de l'individu, du ménage et de la communauté.
Par ailleurs, afin de pouvoir compter à l'avenir sur des expertes et experts nationaux capables de travailler dans ce secteur mais aussi de former des ressources humaines, le projet participe également au nouveau programme de maîtrise en géosciences de l’UEH axé sur les risques géologiques, en renforçant la formation doctorale et postdoctorale.
Pour un urbanisme résilient
© URBATer
L’urbanisme et l’aménagement du territoire constituent également des composantes essentielles. Le projet URBATeR, mis en œuvre par les professeurs Pierre Cornut (UMONS) et Jean-Marie Theodat (UEH), forme des aménageuses et aménageurs haïtiens, par du personnel haïtien, sur le territoire haïtien. Spécialisées en méthode de projets pluridisciplinaires, ces personnes seront les instigatrices d’une dynamique de réflexion, de recherche et d’innovation, et les vectrices d’une culture de l’aménagement concerté et inclusif. URBATeR entend créer une dynamique appropriable à moyen terme, par la constitution d’une équipe mixte de recherche et d’enseignement au sein de l’UEH.
À terme, le corps enseignant et les nouveaux docteures et docteurs formés par le projet pourront non seulement améliorer la formation dispensée, en l’adaptant aux évolutions du territoire, mais également développer des axes de recherche inexplorés à ce jour, alimentant à leur tour les enseignements. Le processus doit permettre de consolider la présence de l’UEH dans le domaine des politiques de la ville et des espaces ruraux, en pleine éclosion aujourd’hui à Haïti.
En prévenant les risques naturels, Haïti protège sa population
© Sandra Soares-Frazão
Lancé en 2015, le projet de recherche du professeur Sandra Soares-Frazão (UCLouvain) vise à améliorer la connaissance des cours d’eau haïtiens et, surtout, leur comportement en période de crue subite. Pour y parvenir, le projet contribue à renforcer les capacités du pays dans la gestion et la prévention des risques naturels dans les domaines de l’hydrologie et de l’hydraulique fluviale et sédimentaire. L’équipe du Génie Rural de la Faculté d’agronomie et de médecine vétérinaire de l’UEH est étroitement associée au projet en étant formée à l’évaluation et à la modélisation des risques de crues dans toutes leurs dimensions techniques et opérationnelles.
Quatre thèses de doctorat sont financées par ce projet. L’un d’entre elle réalisée par Joseph Adermus porte sur la « Caractérisation et modélisation des écoulements de crue de la rivière de Cavaillon en Haïti ». Ecoutez son témoignage.
Ce projet a également permis la réalisation d’un MOOC pour mieux gérer les interactions entre les cours d’eau et l’environnement.
EN SAVOIR + : consultez les divers projets menés en Haïti sur MOOVE, le blog de la coopération académique et scientifique au développement de l'ARES