L’ARES et sa Commission de la coopération au développement font de la question de la place de la femme dans ses projets de coopération académique, une priorité. Cette thématique était encore le thème de réflexion principal de son Event Boursier•e•s annuel organisé le 19 octobre dernier. À cette occasion, elles y ont interrogé plus de 300 étudiantes et étudiants venus des 17 pays partenaires, mais aussi les acteurs académiques, afin de cibler les freins à la mobilité internationale des femmes. L’objectif était d’entamer une réflexion sur les procédures et actions en cours, afin de les rendre encore plus ambitieuses sur les questions de genre. Retour sur cette journée d’échanges.
Dans les programmes de coopération académique de l’ARES, les femmes représentent 30% des boursiers et boursières des pays du Sud financés pour réaliser un master ou un doctorat en Belgique. En progression, ce pourcentage n’atteint pourtant pas encore la parité. Que faire pour y arriver ?
L’utilité d’une politique genre
183 hommes et 83 femmes. C’est le nombre de boursières et de boursiers que l’ARES finance pour cette année académique 2018-2019. Ils et elles viennent d’Amérique du Sud, d’Afrique et d’Asie du Sud-Est, trois régions du monde où l’égalité des droits entre les femmes et les hommes n’est souvent pas une réalité, bien qu’inscrite dans la déclaration universelle des droits humains. Figurer dans un texte, aussi fondamental soit-il, ne suffit pas à équilibrer les relations entre les femmes et les hommes de par le monde. La dévalorisation des femmes est une réalité, de même que la subordination aux hommes. Dans de nombreux domaines, une politique genre s’avère donc utile pour promouvoir l’égalité homme/femme.
Dans le secteur de la coopération au développement, l’approche genre s’exprime par une volonté de rendre concrète cette égalité entre les femmes et les hommes. L’ARES est concernée par cette problématique. Elle y a d’ailleurs consacré une journée de réflexion invitant les boursières et boursiers de ses programmes à partager leurs impressions des relations hommes/femmes. La tradition se confronte à la modernité. Le désir d’émancipation côtoie les tabous. Qu’est-ce que le genre ? Comment cette notion est-elle perçue en divers coins du monde ?
Partir des expériences pour faire évoluer les procédures
Du vécu, de l’expérience, voilà ce dont l’ARES a besoin pour faire encore et toujours évoluer la dimension genre dans ses projets de coopération ou ses programmes de bourses. Débats, jeux de rôles, ateliers de sensibilisation, autant de moments d’expression, de tension, de compréhension mutuelle… La parole se libère. Les uns sont déjà des spécialistes du genre, les autres en découvrent les fondamentaux. Pour certains, la femme est déjà l’égal de l’homme. Pour d’autres, elle doit plutôt rester dans son sillage. Durant une matinée, une série d’ateliers animés par Le Monde selon les femmes, les ONG universitaires et des universitaires ont permis aux points de vue sud-américains, africains et asiatiques de se croiser et de s’enrichir. Quelle est la place de la femme dans le développement ? Quel doit être son rôle en politique ? Quelles sont les pistes pour améliorer leur accès à l’éducation, pour accéder à l’enseignement supérieur ? Comment l’ARES, en tant qu’acteur de la coopération académique, doit-elle se positionner et faire évoluer ses programmes pour améliorer la participation des étudiantes ?
Que faire pour réduire les disparités ?
L’ensemble de la matière recueillie lors de ces ateliers permettra à l’ARES et à sa Commission de la coopération au développement de développer des actions et procédures encore mieux appropriées pour faciliter la mobilité internationale des étudiantes et des enseignantes.
Mettre en lumière des modèles de réussite féminins, renforcer l’information et mieux cibler les canaux de communication pour augmenter les inscriptions de femmes dans les programmes de bourses, modifier les critères d’éligibilité pour leur permettre d’accéder aux programmes internationaux à tout âge, réfléchir à l’accueil des femmes enceintes… Les premières propositions sont sur la table pour améliorer encore la politique genre dans le futur et augmenter la participation des femmes aux diverses bourses. Car les chiffres, même s’ils progressent, traduisent encore en 2018 une trop grande disparité : seulement 31% de femmes font partie des programmes de bourses de stage et masters de spécialisation ; 21% de femmes accèdent aux bourses de doctorat et, parmi les bourses de postdoctorat, seulement 6% sont octroyées à des femmes.
Un autre constat sur lequel travailler: le désistement. Dans 2/3 des cas de désistement, ce sont des étudiantes qui renoncent à une mobilité internationale.
Enfin, les statistiques révèlent que la proportion de boursiers célibataires est plus importante chez les femmes que chez les hommes, soulignant sans doute qu’une fois en couple, la femme renonce davantage à une mobilité.
Dès à présent mais aussi et surtout dans le cadre de son futur programme de coopération (2022-2026), l’ARES et sa Commission de la coopération au développement seront plus ambitieuses encore sur la place des femmes dans les programmes, convaincue du rôle qu’elles peuvent jouer dans l’enseignement supérieur et, au-delà.
Partout dans le monde, l’accès à l’enseignement supérieur est aujourd’hui consacré comme une préoccupation majeure de l’agenda international. En suscitant la réflexion parmi les bénéficiaires de ses programmes, en interrogeant ses partenaires académiques ou en remettant en question ses propres pratiques, l’ARES contribue à cet objectif et fait le pari de diminuer les disparités.
Les porteurs de chaque projet financé sont invités à questionner les aspects « genre » de leur intervention et amenés à anticiper les impacts potentiellement négatifs que pourraient avoir les actions envisagées, sur les femmes comme sur les hommes, ou à mettre en lumière le potentiel de leurs initiatives en termes de rééquilibrage des droits ou des contraintes auxquelles les femmes et les hommes font face.
L’ARES a également signé la Charte pour l’égalité de genre qui engage les acteurs non gouvernementaux de la Coopération belge à amplifier concrètement leurs efforts pour contribuer à mettre fin aux discriminations fondées sur le genre. En consacrant son rendez-vous annuel à la thématique du genre, elle a contribué non seulement à l’effort de sensibilisation des futures élites des pays partenaires mais a aussi apporté sa contribution aux défis mondiaux qui ne pourront être relevés qu’avec des sociétés plus inclusives et plus égalitaires.