Plongé dans une véritable spirale de violence depuis les élections de l'été dernier, le Burundi interpelle. Alors qu'il était considéré jusqu'à présent comme une "success story" dans la gestion de la paix, le pays montre les limites des modèles internationaux de gestion des conflits depuis la fin de la Guerre froide.
Il interroge également la réalité de la coopération au développement comme outil de prévention des conflits et en souligne le paradoxe suivant : la difficulté de produire des résultats pérennes dans les contextes où elle apparaît pourtant comme la plus indispensable.
Il nous confronte surtout, comme acteurs directs de la coopération académique, à une question fondamentale : en quoi notre appui, en particulier lorsqu'il s'agit d'un appui institutionnel, pourtant envisagé comme un soutien au secteur de l'enseignement supérieur des pays du Sud, porte-t-il une charge qui peut être perçue comme politique ? En quoi joue-t-il, parfois bien malgré lui, un rôle politique dans des contextes sous tension. Et comment se positionner face à cette réalité qu'il est si facile d'oublier quand "tout va bien" ?
L'ARES au Burundi, ce sont plus de 3 millions d'euros d'appui institutionnel depuis 2005, plus d'une demi-douzaine de projets de recherche et de formation, des dizaines de boursiers.
C'est aussi la création d'un master complémentaire en droits de l'homme et résolution pacifique des conflits et la mise en place d'une école de journalisme au cœur de l'université du Burundi. Ces formations sont reconnues dans la sous-région comme des modèles du genre dans un contexte pourtant aujourd'hui marqué par les arrestations, les menaces contre la presse, contre la société civile...
Par son incarnation de la liberté de penser, l'université, porteuse des clés du débat public, est un pilier de la société civile. Quelle est son indépendance aujourd'hui face au contrôle croissant exercé par un État à la gestion de plus en plus autoritaire de tous les secteurs publics ?
Le Midi sera l'occasion, à partir du cas burundais, d'esquisser les réponses possibles à ces questions, dans une optique plus large : comment mener à bien des activités de coopération académique quand le ministère des Affaires étrangères déconseille tout voyage non essentiel pour des raisons de sécurité, et que nombre de nos partenaires ont quitté l'université, la capitale, voire le pays ? Devons-nous changer nos modes d'intervention ? Selon quels critères ? Se retirer ? Mais à quel prix ? Et comment anticiper l'imminence de crises comparables dans d'autres pays de la région où nous sommes également présents ?
Qui ?
Emmanuel Klimis
Centre de Recherche en Science politique (CReSPo) - Université Saint-Louis - Bruxelles
Gestionnaire du programme d'Appui Institutionnel ARES - Université du Burundi
Quand ?
Mardi 8 décembre 2015, dès 11h30
Fin à 14h00
- 11h30 : accueil des participants – sandwiches lunch
- 12h00 : présentation par Emmanuel Klimis
- Échange avec les participants
Quoi ?
Les Midis de l'ARES sont des conférences-débats organisées à l'ARES à l'heure du déjeuner (Bruxelles, 12h-14h) autour de questions liées à l'enseignement supérieur, à son internationalisation, à la coopération académique au développement, etc. Structurés autour de l'intervention d'un expert ou de plusieurs panélistes, les Midis de l'ARES sont conçus comme un espace de valorisation d'initiatives ou de travaux de recherche, de réflexion et d'échange constructif entre tous les acteurs intéressés par les questions abordées, qu'ils soient académiques, chercheurs, étudiants, issus des ONG, du monde politique ou de l'entreprise...
Où ?
ARES, rue Royale 180 (5e étage) à 1000 Bruxelles
La participation est gratuite, mais l'inscription est obligatoire.