Depuis le début des années 2000, le monde est plus numérique et immatériel que jamais. L’internet, les smartphones, le cloud, les data, les vélos électriques, les énergies renouvelables révolutionnent notre manière de communiquer, de consommer, de produire, de nous éduquer, de travailler, de nous déplacer, de nous soigner… bref, de vivre. Et cela peut séduire.
Cette révolution qui touche chaque pan de notre vie quotidienne, qui engendre des innovations technologiques, scientifiques et sociales a également un impact sur la manière dont tourne le monde : conflits autour de l’extraction de minerais ou de l’accaparement de terres rares, pollutions, productions de déchets, consommation d’énergie, « esclavagisme des temps modernes », corruption… Le cocktail est nettement moins séduisant.
Il est possible d’influencer cette marche effrénée.
À ce jour, pas moins de 70 matériaux différents - dont près de 50 métaux - composent un smartphone. Le coltan, le tungstène, l’étain, le tantale et l’or comptent parmi les métaux rares les plus prisés du moment. Ils constituent les matières premières tant nécessaires aux énergies renouvelables (y compris éoliennes et panneaux photovoltaïques) et à l’industrie des High-Tech (informatique, robotique, biotechnologie, télécom…).
Cependant, l’exploitation de ces minerais comportent des risques. Qu’ils soient environnementaux (1 500 litres d’eau pour produire un ordinateur), sociaux (travail des enfants, travail sans couverture sociale) ou géopolitiques (on estime à 27 le nombre de conflits en Afrique qui ont un lien avec les ressources naturelles), ces risques sont plus évidents que jamais. L’accaparement des terres rares et la délocalisation de la pollution sont de nouveaux paramètres d’une nouvelle compétition technologique et commerciales que se livre les grandes puissances.
Depuis quelques années, l’industrie du numérique et des énergies renouvelables fonde son modèle économique sur son aspect novateur et, a priori, écologique. Bien qu’une approche plus approfondie sur le cycle de vie des produits n’ait pas encore été finalisée à grande échelle et demeure trop souvent anecdotique, l’analyse de la vie d’un produit, intégrant toutes les étapes de son existence (production, distribution, utilisation, recyclage), offre un éclairage utile pour comprendre la pression qu’exerce ce produit sur les ressources et l’environnement. Cette analyse détaillée permet d’envisager des alternatives qui réduiraient cette pression et pourraient avoir un effet positif d’un point de vue social, économique et environnemental.
Et si les métaux rares étaient à portée de mains ? Présents dans les objets électroniques du quotidien, dans les panneaux solaires ou dans les batteries, l’or, le cuivre, le coltan et autres métaux précieux constituent des gisements non exploités, appelés les « mines urbaines ». Le recyclage des déchets high-tech peut être une alternative à l’extraction et à l’exploitation des métaux rares, pour autant qu’un processus de recyclage industriel puisse permettre de les réintégrer dans le circuit.
L’objectif de ce Midi est de comprendre et analyser les enjeux de cet engouement vers un monde de plus en plus numérique, notamment par le biais de quatre éclairages :
Quel est le potentiel géologique de la planète ?
Quels sont les risques environnementaux, sécuritaires et géopolitiques face à l’extraction de minerais ?
Et si une des alternatives était l’économie circulaire ?
Qu'en est-il du recyclage des déchets du high-tech ?
Plusieurs interventions alimenteront le débat et tenteront d’apporter des éléments de réponse à ces questions.
Mardi 21.05.19
« Minerais du high-tech et des énergies renouvelables :
qui paie le prix ? »
Bruxelles · ARES · 11h30-14h00
Lectures d'intérêt
- BRUXELLES ENVIRONNEMENT BRUSSELS, Feuille de route bruxelloise de l'économie circulaire, Bruxelles, 2015.
- MINISTÈRE DE LA TRANSITION ÉCOLOGIQUE ET SOLIDAIRE, Feuille de route française de l’économie circulaire, France, 2019.
- SOCIALTER, La guerre des métaux rares, France, 2018.
- AMNESTY INTERNATIONAL, Voilà pourquoi on meurt, Royaume-Uni, 2015.
Qui ?
- Montserrat Carreras, chargée des relations extérieures chez Amnesty International
Dans le cadre de sa fonction, elle est amenée à faire du plaidoyer auprès du monde politique belge et du milieu diplomatique en poste à Bruxelles.
Intervenants :
- Johan Yans, professeur ordinaire à l’Université de Namur
Docteur en sciences de la terre de l'Université de Paris-Sud Orsay (France) et de la faculté polytechnique de Mons (UMONS), il consacre une partie de sa carrière scientifique à la caractérisation et à la gestion des ressources géologiques, omniprésentes dans tous les produits de notre quotidien. Il a notamment travaillé dans des gîtes/gisements d'Europe (Belgique, France, Grèce), RDCongo, Tunisie, Maroc et Algérie.
- Ben Cramer, chercheur associé au GRIP
Diplômé en sociologie de la défense de l'École des hautes études en sciences sociales à Paris, il est l’auteur de « L’Afrique des minerais », paru début 2019 et consacré au détournement des richesses du continent africain. Chercheur associé au GRIP, il enseigne également la géopolitique du développement durable dans le cadre d’un master à la faculté de sciences sociales et économiques de l’Institut catholique de Paris. - Éric Pirard, professeur à l’Université de Liège
Ingénieur géologue et professeur à l’Université de Liège, il est le coordinateur académique du programme EMerald (European Master in Resources Engineering) qui, en collaboration avec les universités de Lorraine (FR), Lulea (SE) et Freiberg (DE), diplôme des ingénieurs spécialisés dans l'évaluation et la valorisation des ressources minérales tant primaires que secondaires. Il dirige une équipe de recherches d'une trentaine d'ingénieurs qui développent des technologies nouvelles pour la caractérisation, le tri et l'extraction des métaux au départ de matières premières complexes et de faible teneur. - Els Verberckmoes, Treatment Manager chez Recupel
Diplômée en ingénieur industriel de la Katholieke Hogeschool Sint-Lieven à Gand, elle est responsable du département « Traitement » chez Recupel, la structure qui, en Belgique, gère la collecte et le traitement d'appareils électro usagés et des lampes.
Ressources
- « Le potentiel géologique de la planète » - Johan Yans, UNamur
- « Les risques environnementaux, sécuritaires et géopolitiques » - Ben Cramer, GRIP
- « 4 défis pour une économie plus circulaire. Un monde menacé d'anthropie » - Éric Pirard, ULiège
- « Les alternatives écologiques : le recyclage » - Els Verberckmoes, Recupel
Quand ?
Mardi 21 mai 2019, dès 11h30 - Fin à 14h00
- 11h30 : accueil des participants – sandwiches lunch
- 12h00 : mot de bienvenue par Julien Nicaise, administrateur de l'ARES
- 12h10-12h30 : « Le potentiel géologique de la planète », Johan Yans
- 12h30-12h50 : « Les risques environnementaux, sécuritaires et géopolitiques », Ben Cramer
- 12h50-13h10 : « L’économie circulaire comme alternative ? », Éric Pirard
- 13h10-13h30 : « Les alternatives écologiques : le recyclage », Els Verberckmoes
- 13h30-14h00 : échange avec les participants
Quoi ?
Les Midis de l'ARES sont des conférences-débats organisées à l'ARES à l'heure du déjeuner (Bruxelles, 12h-14h) autour de questions liées à l'enseignement supérieur, à son internationalisation, à la coopération académique au développement, etc. Structurés autour de l'intervention d'un expert ou de plusieurs panélistes, les Midis de l'ARES sont conçus comme un espace de valorisation d'initiatives ou de travaux de recherche, de réflexion et d'échanges constructifs entre tous les acteurs intéressés par les questions abordées, qu'ils soient académiques, chercheurs, étudiants, issus des ONG, du monde politique ou de l'entreprise...
Où ?
ARES (Académie de recherche et d'enseignement supérieur)
Rue Royale 180, 1000 Bruxelles (5e étage)