Documents et outils
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Podcast ZOOM / Tout savoir sur e-paysage, la plateforme coordonnée par l’ARES
Dans cet épisode, l’ARES vous fait découvrir e-paysage, une plateforme informatisée, centralisée et sécurisée destinée à faciliter les échanges de données dans l’enseignement supérieur.
ARES · COOP / L'agroécologie en questions - Perspectives Croisées avec la coopération académique
Aujourd’hui, l’agroécologie est au cœur des programmes de nombreuses organisations de coopération. Ce modèle, qui est infiniment loin de se résumer à ses dimensions environnementales, apparaît comme une réponse systémique aux défis de notre époque, dans leurs dimensions tant sociétales qu’économiques, culturelles et environnementales.
Quels sont les enjeux de l’agroécologie ? Comment le monde académique et la société civile s’impliquent et collaborent pour relever les défis de l’agroécologie ? Comment penser demain ?
D’Europe, d’Asie, d’Afrique et d’Amérique du Sud, une dizaine de spécialistes des approches agroécologiques, des enseignant·es en université et hautes écoles, des coordinateurs et coordinatrices de projets agroécologiques au sein de projets de coopération internationale prendront la parole et partageront leurs expériences.
Thema Talk #1
ENVIRONNEMENT
L’agroécologie en questions
Perspectives croisées avec la coopération académique
INFORMATIONS PRATIQUES
QUI ?
Un panel de spécialistes belges et internationaux des approches agroécologiques
QUAND ?
Jeudi 14 novembre 2024 de 9h30 à 16h (GMT+1)
OÙ ?
- ARES, rue Royale 180 à 1000 Bruxelles (5e étage)
- Live streaming via Zoom. Rejoignez-nous à n'importe quel moment via la plateforme en ligne Zoom.
Cet événement se déroulera en deux temps :
- une première session (matin) en présentiel à l'ARES,
- et une deuxième partie (après-midi) en visioconférence, permettant une participation élargie à nos partenaires internationaux notamment de Cuba, du Burkina Faso, du Bénin et du Pérou.
Les personnes étant présentes à l’ARES sont invitées à rester toute la journée afin de participer au débat et aux conclusions de l’événement, dès 15h.
L'événement sera traduit simultanément en anglais, français et espagnol pour permettre une participation internationale fluide.
PROGRAMME
- 09h30-10h00 (GMT+1) : accueil des participants et participantes ;
- 10h00-11h40 (GMT+1) : séance en présentiel à l'ARES
- Introduction à l’agroécologie, conceptions et approches par Marjolein Visser (ULB);
- Food value chain: from field to fork from an agroecological prospective par Hossein Azadi (Gembloux Agro-Bio Tech ULiège);
- Propositions de l’agroécologie face aux enjeux actuels. Rôle et défis des ONG par Pierre Collière (Eclosio);
- Place des animaux dans l’agroécologie: approche depuis la zoologie et la médecine vétérinaire par Jean-Luc Hornik (ULiège);
- L’après révolution verte : pourquoi et comment la FAO soutient-elle l’agroécologie aujourd’hui ? Intervenant·e à confirmer (Food and Agriculture Organisation).
- 11h40-12h00 (GMT+1) : Q&A - débat avec la salle
- 12h00-13h00 (GMT+1) : pause sandwiches
- 13h00-15h00 (GMT+1) : séance en visioconférence
- Évaluation des impacts en agroécologie par Fabèkourè Cédric Kambiré (CNRST du Burkina Faso/UCLouvain);
- La filière cacao en contexte agroécologique par Igor Bidot Martínez (Universidad de Guantanamo-Cuba /UCLouvain);
- L'expérience en pommes de terre au Rwanda, en Guinée et au Mali par Claire Avril, François Serneels et Nicolas Desoignies (Haute Ecole Condorcet);
- Expériences agroécologiques péruviennes par Luis Gomero Osorio (Universidad Científica del Sur - Pérou) et Éric Capoen (Eclosio-Pérou).
- 15h00-16h00 (GMT+1) : débats et conclusions
INSCRIPTION
La participation à l‘événement est gratuite mais l'inscription est obligatoire !
La technologie blockchain bientôt au service de l’authentification des diplômes
La mobilité des étudiants et des travailleurs à l’échelle européenne, couplée au développement d’un marché de faux diplômes, induisent une charge administrative considérable pour les citoyens, les établissements d’enseignement supérieur et les administrations. Pour répondre à ces défis, l’ARES et plusieurs partenaires de la Communauté flamande et des Pays-Bas rencontraient ce 5 février des représentants d'organisations européennes et d’États membres autour d’un projet d’utilisation de la technologie blockchain pour l'authentification des diplômes à l’échelle de l'Union.
Près de 50 représentants d'organisations européennes et d’États membres rencontraient ce mardi 5 février 2019, à Bruxelles, l'AVOHOX (Agentschap voor Hoger Onderwijs, Volwassenenonderwijs, Kwalificaties en Studietoelagen de la Communauté flamande), DUO (Dienst Uitvoering Onderwijs du ministère de l'Éducation hollandais) et l'ARES pour discuter d'un projet d'échanges de données à l'échelle européenne permettant l’authentification des diplômes et des diplômés.
Imaginé en Belgique par les services de la Communauté flamande, aussitôt rejointe par les Pays-Bas et, en Fédération Wallonie-Bruxelles, par l'ARES, le projet a rapidement donné lieu à la formulation d'un prototype baptisé « Certified4life ». Concrètement, il s'agit de permettre aux établissements d’enseignement supérieur d’insérer dans la chaine de blocs les diplômes obtenus par leurs étudiants. Ces derniers pouvant ensuite donner accès à leurs diplômes ainsi authentifiés aux établissements auxquels ils souhaitent s’inscrire et aux entreprises dans lesquelles ils postulent, ils gardent donc le contrôle total de leurs données.
Gérer une mobilité européenne toujours plus importante
Si la mobilité des étudiants et des travailleurs à l’échelle européenne a pu se développer grâce à différents leviers comme Erasmus ou la libre circulation des travailleurs, elle s'accompagne parfois d'une série de charges administratives. Un étudiant qui souhaite poursuivre des études dans un autre pays l'Union que le sien doit ainsi prouver qu'il a bien obtenu le diplôme nécessaire à pour accéder à celles-ci. Les travailleurs, eux, doivent justifier de leurs diplômes pour postuler à un emploi. Des charges administratives qui peuvent être importantes, voire coûteuses...
Parallèlement à cette mobilité accrue, un marché des faux diplômes s'est considérablement développé grâce aux nouvelles technologies, auquel l'actualité fait régulièrement écho.
Le projet vise donc à répondre simultanément à ces deux défis. À terme, il devrait conduire à une simplification administrative, bienvenue tant pour les établissements d’enseignement supérieur et les administrations que pour les particuliers. En créant un environnement d’échanges de données fiables entre les partenaires, « Certified4life » se veut également un créateur de confiance entre les citoyens, les établissements d’enseignement ou encore les entreprises.
16 pays et la Commission européenne intéressées par le projet
La rencontre avait pour but de consolider les grandes lignes du projet en veillant à la cohérence avec les initiatives existantes tels qu'entre autres Europass (un projet permettant aux citoyens européens de présenter leurs compétences selon un modèle standardisé) ou encore l'European Student Card (un projet permettant aux étudiants d’être reconnus par l’ensemble des établissements européens), de convaincre d'autres partenaires de participer et d'envisager les possibilités de financement.
Et le projet en intéresse plus d'un à l'échelle européenne. Si la Communauté flamande, la Fédération Wallonie-Bruxelles et les Pays-Bas font figure de pionniers, 16 États membres au total ont pris part à la rencontre. Leur participation témoigne de la volonté partagée d'adopter une approche commune et intégrée pour répondre aux défis posés par l’authentification des diplômes et des diplômés.
Trois directions générales de la Commission européenne ont également marqué leur intérêt pour le projet en participant à la rencontre. Il s’agissait de la Direction générale de l'éducation et de la culture (DGEAC), de la Direction générale emploi, affaires sociales et inclusion (DG EMPL) et de la Direction générale Communication networks, Content and Technology (DG CONNECT). Leur présence témoigne non seulement de l'importance des enjeux liés à l'authentification des diplômes, mais également de l'attrait de l'utilisation de la technologie blockchain dans ce cadre.
Prochaine étape : confirmer tous les partenaires intéressés et élaborer le projet complet, qui pourra ensuite être présenté aux services de la Commission européenne...
EN SAVOIR + sur le projet certified4life
Conférence sur l'agroécologie et la coopération & remise des prix Ingénieurs sans frontières - Philippe Carlier et Ingénieurs citoyens 2018
Depuis sa création, ISF conscientise les étudiants et ingénieurs en Belgique afin de les rendre plus responsables en matière d'impacts sociétaux.
Dans cette optique, l’ASBL, créée par des étudiants et alumni en Polytech et bio-ingénieurs et soutenue par les associations d’alumni des universités de la Fédération Wallonie-Bruxelles, organise une conférence de Pierre Collière, chargé de projet - référent agroécologie et gestion des ressources naturelles auprès d'Eclosio, l'ONG de l'Université de Liège, intitulée « Agroécologie et coopération : vers des systèmes alimentaires durables ».
À l'issue de la conférence, ISF, en collaboration avec l'Association royale des ingénieurs de Gembloux Agro-Bio Tech (AIGx), récompensera deux TFE : l'un dans le cadre du prix Ingénieurs sans frontières-Philippe Carlier et l'autre dans le cadre du prix Ingénieurs sans frontières-Ingénieurs citoyens.
Le prix Philippe Carlier récompensera un TFE contribuant significativement au développement ou à l’adaptation de technologies répondant à des besoins exprimés dans les pays en développement. Le prix Ingénieurs citoyens récompensera, quant à lui, un TFE dont la technologie ou la technique répondent aux Objectifs du Développement Durable ou visent à stimuler les transitions durables ou les technologies inclusives, tels que transition énergétique (bas carbone,…), l’accessibilité des technologies, digitalisation, diversité, l’inclusion...
Bloquez d'ores et déjà la date du 11 décembre 2018 dans vos agendas !
Qui ?
Ingénieurs sans frontières, en collaboration avec l'Association royale des ingénieurs de Gembloux Agro-Bio Tech
Quoi ?
Conférence : « Agroécologie et coopération : vers des systèmes alimentaires durables », suivi de la remise des prix Philippe Carlier et Ingénieurs citoyens 2018
Quand ?
Le 11 décembre 2018, accueil dès 18h15 (la conférence débute à 18h30 précises)
Où ?
Gembloux Agro-Bio Tech
Espace Senghor : bâtiment 125
Passage des Déportés 2
5030 Gembloux
Inscription ?
L'inscription est obligatoire et une participation aux frais est demandée :
Conférence + Cocktail dînatoire : 30,00 € / 25,00 € pour les adhérents ISF / 15,00 € pour les adhérents des promos 2015 à 2018 / Étudiants : 5,00 €
Culture des possibles : un projet médiatique à la découverte de l’agroécologie en Belgique et au Sénégal
Elles sont cinq étudiantes en dernière année à l’IHECS. Dans le cadre des Projets de sensibilisation au développement que soutient l’ARES, elles ont réalisé un documentaire et un site web sur le thème de l’alimentation durable. Ensemble, elles sont parties à la rencontre d’agriculteurs et d’experts qui pratiquent et étudient l’agroécologie en Belgique et au Sénégal. Entretien avec Héloïse, Emeline, Naïké, Charline et Pauline.
Comment vous est venue l’idée de réaliser un documentaire et un site web sur l’agroécologie ?
Nous avions envie d’aborder le thème de l’alimentation, véritable enjeu dans notre société où la population grandit considérablement alors que les ressources naturelles s’épuisent jour après jour. Nous voulions aborder ce sujet de manière positive et désirions rencontrer des acteurs de changement qui tentent de répondre à ce problème. Après une première phase de documentation, nous nous sommes rendu compte que des initiatives en agriculture biologique et écologique se développent chez nous, mais aussi ailleurs, notamment dans les pays du Sud. C’est alors que nous avons décidé d’établir un parallèle entre la Belgique et le Sénégal, deux pays très différents, où des alternatives agricoles se mettent en place.
Quel était l’objectif de votre projet ?
Notre objectif était de rendre compte de ces initiatives via un documentaire à l’attention des acteurs de l'agriculture de demain : les étudiants en bioingénieur.
Se lancer sur un tel sujet était un vrai défi. Comment avez-vous composé votre équipe ?
Très vite, nous sommes arrivées à la conclusion que nous aurions besoin d’un appui technique et que cinq étudiantes en communication n’auraient pas beaucoup de légitimité à parler d’un sujet comme celui-ci. Nous avons donc rencontré beaucoup de personnes qui, de près ou de loin, étaient liées à la thématique et nous avons proposé à Xavier, étudiant de Gembloux Agro-BioTech, de nous accompagner dans notre démarche.
Comment s’est déroulée la réalisation du documentaire ?
Au mois d’août 2015, nous sommes allés rencontrer les agriculteurs qui pratiquent l’agroécologie en Belgique. Nous avons donc commencé le tournage à la fin de l’été et en septembre, nous décollions vers le Sénégal pour un mois afin de voir comment ça se passe là bas. Après avoir rencontré des agriculteurs, des formateurs et des groupements de paysans, nous sommes rentrées avec une grande quantité de matière qui nous a servi à mettre notre histoire en image. Durant le mois d’octobre nous avons monté le documentaire, ce qui implique de grandes réflexions sur la meilleure façon de montrer et de dire les choses afin d’atteindre nos objectifs. Ce n’est qu’en janvier 2016 que le documentaire et le site web ont été finalisés.
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Votre objectif était donc de « rendre compte des initiatives en agroécologie par un documentaire à l’attention des futurs acteurs du milieu agricole ». Dans quel but ?
La finalité du documentaire et du site web consiste avant tout à sensibiliser les étudiants en bioingénieurs au modèle agroécologique. Nous voulions montrer que le modèle agroécologique est en fait applicable partout s'il est adapté à l'environnement dans lequel il est développé et nous voulions créer un échange de savoirs entre le Sud et le Nord, en valorisant les compétences de chacun. Mais nous voulions aussi toucher un public plus large, participer à la transition durable ! Sensibiliser le public à l’agroécologie, amorcer une réflexion sur la façon de produire et de consommer aujourd’hui et, enfin, d’amener à l’action. C’est pourquoi nous nous sommes vite rendu compte qu'il était nécessaire de tester nos outils auprès du public ciblé.
Et comment avez-vous fait pour tester vos outils auprès du public cible ?
Premièrement, nous avons organisé trois animations dans des classes d’étudiants en bioingénieur. Deux d’entre elles se sont déroulées sur le campus de Gembloux Agro-Bio Tech. La troisième s’est déroulée à la Haute école agronomique de La Reid, à Theux. Pour ces interventions, nous étions accompagnées d’un membre de notre partenaire, Aide au Développement Gembloux, d’un intervenant du documentaire – un agriculteur belge – et d'un professeur. L’intervention consistait tout d’abord à diffuser le documentaire. Ensuite nous avons laissé la place à une séance de discussions et d’échanges entre les étudiants et les intervenants. Enfin, nous avions préparé une animation qui consistait à donner la parole aux étudiants et à leur permettre d'entamer le débat sur les avantages et les inconvénients de l’agroécologie.
Nous avons par la suite organisé une soirée sur le thème de l’agriculture et de l’alimentation durables, et plus particulièrement sur l’agroécologie. Elle était destinée à un public plus large, constitué de jeunes intéressés par la problématique et qui désiraient en apprendre davantage. L’activité s’est déroulée à l’IHECS et était divisée en trois temps. Dans un premier temps, nous avons projeté notre documentaire. Ensuite, « notre » agriculteur était présent pour parler de son parcours et de ses choix actuels ainsi que pour répondre aux différentes questions et réflexions du public. Après cela, ce sont deux représentants du Réseau des consommateurs responsables et un représentant de la coopérative Agricovert qui ont pris la parole pour expliquer leurs démarches respectives et échanger avec le public. Le médiateur de la soirée, un membre de SOS Faim, s’est occupé de faire le lien entre les différentes interventions et de rebondir sur les questions et les réflexions du public. Enfin, nos partenaires et collaborateurs étaient invités à proposer, sur un stand, des informations plus spécialisées et plus complètes par rapport à leur activité.

© projet Culture des possibles
Quel est pour vous le bilan de ces deux animations ?
De manière générale, les différentes activités se sont très bien passées. Elles ont encouragé des réflexions assez intéressantes. Utiliser notre outil dans le cadre d’une animation avec des étudiants en bioingénieur et avoir la possibilité d’intégrer cette animation dans un cursus universitaire a été très enrichissant. Nous adresser à des groupes convaincus ou moins convaincus, connaisseurs ou novices en la matière, nombreux ou moins nombreux nous a permis d’envisager notre animation de différentes manières et de prendre du recul par rapport à notre outil. L’activité à l’IHECS a permis d’encourager une prise de conscience par rapport à l’alimentation et la consommation. Les activités en classe ont permis d’échanger de manière plus approfondie et plus technique avec des étudiants qui sont destinés à travailler dans un milieu agricole. Dans l’ensemble, les outils semblent avoir été pertinents en matière de sensibilisation, mais nous avons remarqué qu’il est important que le documentaire soit intégré dans une animation, comme un débat ou une discussion, afin de pouvoir apporter le complément d’informations nécessaire.
Au terme de votre projet, que retirez-vous de cette expérience ?
D’un point de vue personnel, ce projet que nous avons imaginé, réalisé et mené à terme après presque deux ans de travail, nous a permis de vivre une expérience d’une richesse incroyable. De l’exercice académique professionnalisant aux rencontres et discussions en passant par la découverte d’un sujet passionnant, l’aventure valait le détour. C’est pourquoi nous remercions toutes les personnes qui nous ont permis de réaliser ce projet et nous donnent envie de continuer, améliorer, recommencer et, surtout, ne jamais nous arrêter de partager.
Le projet a été réalisé en collaboration avec Aide au développement Gembloux, SOS Faim et Louvain Coopération.
Avec le soutien de la Coopération belge au développement
EN SAVOIR + : visitez le site web du projet - www.culturedespossibles.be
Photos : © projet Culture des possibles
Cuba : l’agroécologie au service d’un chocolat d’excellence
Le prof. Pierre Bertin (UCL) a bénéficié d’un financement de l’ARES pour mener des recherches en faveur de l’amélioration de la qualité du cacao produit dans la région de l’Oriente (Baracoa) à Cuba. De son côté, Nico Regout, fondatrice de la maison Marcolini et fervente défenderesse du « bean-to-bar », a suscité la création d’une tablette de chocolat à partir des fèves exceptionnelles du terroir de Baracoa. Interview et regards croisés d’un scientifique et d’une experte en cacao, tous deux en recherche d’excellence.
La recherche scientifique et la formation de personnel hautement qualifié sont un leitmotiv des activités de coopération au développement. « C’est l’appui à une formation de qualité que nous pouvons apporter » nous déclare d’emblée Pierre Bertin, que nous avons rencontré dans son bureau de l’Earth and Life Institute et de la faculté des bioingénieurs de l’UCL.
Il commence par nous parler de ses convictions personnelles. « J’ai étudié l’agronomie parce que je voulais participer au développement durable. Il est au cœur de mes préoccupations et, en faisant de la coopération au développement, je recherche la jonction entre le développement durable et celui des pays du "Sud", deux dimensions du développement qui ont toujours été présentes dans les différents projets interuniversitaires auxquels j’ai contribué ».
L’un de ces projets de recherche1, Pierre Bertin l’a mené à Cuba, dans la région de Baracoa. L’ambassade de Belgique l’a contacté suite à l’initiative de deux chercheurs cubains qui estimaient que la production de cacao devait être améliorée : ils avaient constaté que des aspects qualitatifs de la filière devaient être revus, à commencer par la sélection de cabosses de qualité et les aspects phytosanitaires de la culture.

© Ph. Bertin
Les aspects de la postrécolte posaient problème, en particulier la fermentation, une phase très délicate dans le cas du cacaoyer car les graines de la cabosse ne sont pas dormantes. Pierre Bertin nous explique que « dès que la cabosse est à maturité, il faut la cueillir, enlever les graines et mettre immédiatement celles-ci en fermentation. Cette phase pose un énorme problème à Cuba car le transport par camion ou par charrette, des champs reculés vers les petites usines de transformation, est irrégulier et difficile. Les fèves pourrissent en quelques jours, c’est-à-dire avant d’arriver à l’usine où doit se faire la fermentation. » Les étapes suivantes, c’est-à-dire la torréfaction, qui permet d’obtenir la poudre de cacao, et la fabrication du chocolat posaient également problème.
La formation au service du développement durable
À Cuba, les propriétaires sont rassemblés en coopératives qui comprennent toutes leur vulgarisateur, le technicien responsable de la transmission des connaissances au bénéfice des agriculteurs. Il est la première personne de contact lorsqu’un agriculteur rencontre un problème. C’est lui qui se met en relation avec la station de recherche de l’UCTB Baracoa pour envoyer des conseillers. Pierre Bertin précise qu’il est donc nécessaire que ces personnes soient correctement formées. « À la station de Baracoa, on a formé des phytopathologistes et des techniciens, et renforcé le système des formations dispensées par les techniciens aux paysans. Il s’agit donc d’un renforcement des capacités. »
Il estime qu’à Cuba, « il y a moyen de produire un chocolat de qualité grâce à de petites coopératives géographiquement bien situées, ce qui résoudrait les problèmes du transport, en organisant la récolte de façon rigoureuse, c’est-à-dire tous les jours en période de production, et en assurant la fermentation dans de bonnes conditions. Un tel projet mené à une échelle maîtrisable et locale pourrait motiver les entreprises et les administrations cubaines à le rependre à leur compte, d’autant qu’un nouveau débouché apparaît avec la future ouverture des marchés et l’arrivée d’une clientèle de touristes américains notamment ceux d’origine cubaine. Dans ce cadre-là, il serait possible de travailler dans une optique de développement durable et de générer des gains au profit des petites coopératives cubaines. »
Un projet de recherche véritablement agroécologique
Pierre Bertin a l’intention de poursuivre les recherches en approfondissant l’étude de l’écosystème et de la façon dont la phytotechnie peut favoriser la flore commensale. « Avec les collègues cubains, nous avons étudié la génétique, les souches de pathogènes, la flore commensale, la flore bactérienne du sol avec notamment des effets antagonistes sur les maladies. On a mis en évidence le fait que certains arbres sont nécessaires pour le développement de levures qui sont transportées par des insectes (des mouches), levures qui sont fondamentales pour la fermentation. Celle-ci doit donc se faire dans les régions cacaoyères mêmes. Actuellement, les conditions de transformation ne sont pas bonnes mais le processus est très naturel et ne comporte pas d’adjuvant. »

© Ph. Bertin
Il nous explique qu’« anciennement, les plantations de cacaoyers étaient fertilisées au moyen d’engrais chimiques et de pesticides. Lorsque l’URSS s’est disloquée et que la source de ces produits s’est tarie, une importante crise est survenue car l’écosystème n’était plus du tout adapté à fonctionner sans ces adjuvants. Il y a eu une explosion des maladies, notamment de phytophthora palmivora (la pourriture de la cabosse). La situation s’est ensuite améliorée grâce au pathosystème et à une flore commensale qui se sont rééquilibrés. » Il veut poursuivre ses recherches et mettre sur pied un projet véritablement agroécologique englobant la protection de l’environnement, la lutte contre les conséquences du changement climatique et la préservation des sols.
De l’agroécologie à la tablette de chocolat
La Belgique étant le royaume du chocolat, nous avons demandé à Pierre Bertin si nos chocolatiers pourraient s’approvisionner à Cuba en fèves de Baracoa, vu leurs qualités exceptionnelles. Il nous a répondu : « C’est déjà le cas : Marcolini s’est rendu à Cuba et produit un chocolat à partir de la filière de Baracoa sur laquelle nous avons travaillé. » Nous avons donc contacté la célèbre maison Marcolini pour connaitre l’histoire de leur découverte des fèves de Baracoa et de la naissance de la tablette de chocolat Oriente de Cuba – Baracoa.

© Le Cercle du cacao
Nico Regout, fondatrice de la maison Marcolini et experte en cacao, nous a reçus dans sa maison qui est aussi le siège du Cercle du cacao qu’elle définit comme « un carrefour d’expertise fournissant aux chocolatiers "bean-to-bar"–c’est-à-dire de la fève à la tablette – des fèves d’exception, de variétés identifiables et de terroirs traçables, issues d’un commerce plus équitable, produites dans un environnement plus durable, respectueux de la biodiversité. »
Le caractère exceptionnel du cacao de Baracoa
Elle nous explique qu’elle est arrivée à Baracoa indépendamment des travaux de recherche du prof. Bertin : « Compte tenu de mon expertise d’achat du cacao directement auprès du producteur, j’ai été appelée par l’ambassade de Belgique à Cuba afin de participer à un congrès. C’est là qu’a commencé une grande aventure puisqu’après une année de négociations, vers 2008, la maison Marcolini a été la première à importer le cacao de Baracoa. C’était la première fois que le mot Baracoa était mis en avant car le cacao vendu par le passé était présenté comme d’origine cubaine et complètement mélangé. Le cacao de Baracoa ne ressortait pas comme le diamant qu’il est. J’ai trouvé qu’il avait un arôme exceptionnel notamment au moment de la torréfaction, en plus de ses saveurs et de ses flaveurs, ce qui est rare et pas toujours explicable. C’est vrai qu’à Cuba, la transformation du cacao n’est pas encore tout à fait au point et, en ce qui me concerne, je ne veux que du cacao séché au soleil. Mais je considère que le cacao de Baracoa est un cru de propriété parce qu’il provient d’un terroir bien défini. Car le cacao ne peut être dissocié de l’environnement dont il provient ainsi que des sols qui le produisent. »

© Ph. Bertin
Nico Regout nous explique l’une des raisons du caractère exceptionnel de ce cacao : « S’il n’y a pas de risque de pénurie de cacao en général, il y en a véritablement un pour les cacaos fins et les cacaos rares qu’il est indispensable de préserver. À Baracoa, grâce à l’embargo, les variétés anciennes telles que les criollo, des trinitario, des forastero ont été préservées. Les Cubains ont compris que la valeur de leur cacao passait par la préservation de leurs variétés anciennes et ils ont su garder leur patrimoine tout en augmentant leur productivité. Ils ont replanté plusieurs variétés de criollo et développé le principe des fermes modèles. »
Une collaboration entre chocolatiers et chercheurs
Nico Regout collabore depuis longtemps avec les universités pour leur apporter différents cacaos, en particulier les criollo, notamment pour étudier leur teneur en polyphénols. Mais son domaine de prédilection, c’est le « bean-to- bar » sur lequel elle collabore notamment avec le prof. Sonia Collin de l’UCL : « Sonia Collin a mis au point une chaine de fabrication "bean-to-bar". Elle me demande des petites quantités de différents cacaos pour effectuer des recherches sur les torréfactions à différentes températures et étudier s’il y a plus ou moins d’antioxydants. Nous nous échangeons des informations : je lui fais découvrir les différents terroirs et lui apporte ma connaissance du terrain ; elle m’apporte des preuves scientifiques car je ne suis pas bioingénieur. »
Nico Regout nous explique encore qu’en Belgique, « la maison Marcolini est la première à avoir travaillé en dehors des couverturiers, à être allée chercher les fèves chez le producteur et à les avoir transformées. Nous étions allés à Pise voir Amadei, des chocolatiers italiens qui travaillaient à partir de la fève. Nous nous sommes ensuite équipés pour produire du "bean-to-bar". C’était un retour aux sources car il y a 100 ans tous les chocolatiers belges travaillaient également de la sorte. »
« Je fais partie des indignés du chocolat »
Elle estime qu’avec une bonne maitrise, on peut produire des quantités plus importantes en ayant un prix beaucoup plus élevé que le prix de la bourse et établir une rémunération juste en travaillant avec le moins d’intermédiaires possible. Elle se dit consciente de « déranger le monde industriel » et souhaite que « l’on sache qu’il y a trop de monopoles : il n’y a jamais eu dans le vin autant de monopoles que dans le chocolat. Certains chocolats sont vendus sans que l’on connaisse le pays d’origine. Une nouvelle norme est en préparation obligeant à indiquer le pays et la région d’origine mais pas la variété de chocolat. Mais il ne suffit pas d’avoir le terroir, il faut aussi mentionner la variété. » Et elle conclut en disant : « Je fais partie des indignés du chocolat car je suis pour le slow cacao. »
L’université et l’avenir du chocolat cubain
Lorsque l’on demande au prof. Bertin quel a été le plus grand succès du projet de recherche qu’il a mené à Baracoa, il répond sans hésiter que c’est la formation doctorale des étudiants cubains et la création des trois laboratoires de recherche à l’Université de Guatanamo – un laboratoire in vitro, un deuxième de biologie moléculaire et un troisième de microbiologie – alors qu’auparavant, il n’y en avait aucun.
« La formation universitaire de haut niveau est fondamentale pour le développement de la filière locale et l’Université de Guantanamo manquait d’expérience en coopération internationale et en recherche universitaire. Ces labos ont un impact favorable sur l’université et les doctorants sont rapidement devenus professeurs expérimentés sur place. Le fait qu’ils aient effectué de la recherche au niveau international est réellement un plus pour leur université. »
Une plus-value, et une garantie supplémentaire pour le développement et la consolidation d’une filière cacao locale et durable, tant d’un point de vue économique qu’environnemental : une filière… « slow cacao ».
1. Projet « Appui à l’amélioration de la qualité du cacao produit dans la région de l’Oriente de Cuba : aspects agronomiques », 2008-2013, UCL - Université de Guantanamo / Université de La HavaneJosé Antonio MACHUCA / Estación Central de Investigaciones de Café y Cacao - ECICC, Cruce de los Baños.
Photos : © Ph. Bertin / Photo n°4 : Le Cercle du cacao

