Documents et outils
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Remise du Prix Ingénieurs sans frontières-Philippe Carlier 2016
C'est lors de la journée de l'ingénieur à l'ULB qu'Ingénieurs sans frontières Belgique (ISF) a décidé de remettre, pour la 10ème année consécutive, le Prix Ingénieurs sans frontières - Philippe Carlier. Cette année, le prix récompense un travail de fin d'études réalisé sur le séchage de tranches d'ananas en Ouganda.
Un peu d'histoire
Il y a plus de 30 ans, des ingénieurs se réunissaient autour de la Fédération royale d’associations belges d’ingénieurs civils et d’ingénieurs agronomes (FABI) pour créer un Groupe de Travail « Ingénieurs et/ou techniciens sans frontières ».
Depuis, ISF déploie toute son énergie avec un objectif : améliorer les conditions de vie des populations du Sud grâce à des technologies dont les populations locales peuvent s'approprier.
Avec cette démarche, l'ONG ambitionne d'apporter des solutions concrètes, durables et probantes, tout en prenant en compte les conditions politiques, sociales, environnementales et économiques.
Forte des compétences de ses experts, pour la plupart des ingénieurs bénévoles et volontaires, son travail ne ressemble à aucun autre : collaboration, sur le terrain mais surtout depuis la Belgique, avec des ingénieurs passionnés et passionnants !
Mais ISF travaille aussi en amont en conscientisant les étudiants ingénieurs afin de les responsabiliser quant à l'importance de leur rôle sociétal. Dans cet optique, ISF décerne, depuis 10 ans, le Prix Ingénieurs sans frontières - Philippe Carlier, qui récompense un travail de fin d'études centré sur les technologies innovantes au service du développement durable dans les pays du Sud.
Cette année, pour sa 10ème édition, ISF a profité de la Journée de l’ingénieur de l’ULB pour remettre son Prix.
Prix ISF - Philippe Carlier 2016 : Who's the winner ?
C'est lors de la Journée de l'ingénieur organisée à l'ULB le 2 décembre 2016 qu'ISF a décidé de dévoiler le lauréat de l'édition 2016 du Prix Ingénieurs sans frontières - Philippe Carlier.
Cette année le prix a été décerné à Alexandre Donner, un étudiant diplômé en ingénieur civil de l'Université libre de Bruxelles, pour son mémoire intitulé « Characterization of the Drying Kinetics of Pineapple Slices and Improvement of a Drying Process in Uganda » et encadré par le professeur Benoït Haut, ULB.

Remise du Prix Ingénieur sans frontières - Philippe Carlier 2016 à Alexandre Donner (à gauche) / © ISF
Un procédé de séchage plus efficace...
Ce mémoire a été réalisé en partenariat avec l’asbl The Refugee Next Door en Ouganda. Il consiste en une analyse ainsi qu’un modèle du séchage d’ananas et présente les améliorations mises en place en Ouganda pour rendre le procédé de séchage plus efficace.

Séchage de tranches d'ananas / © Alexandre Donner
...au moyen de séchoirs qui fonctionnent grâce au soleil
Dans le cadre du mémoire, la construction d’un nouveau centre de production ainsi que celle de séchoirs tunnels solaires ventilés ont été supervisées. Aussi, des améliorations pratiques ont été mises en place afin d’assurer une plus longue durée de vie des séchoirs.

Séchoirs tunnels solaires / © Alexandre Donner
Des candidats qui n'ont pas démérités
D'autres candidats n'ont pas été retenus mais ont toutefois attiré l'attention des membres du jury. C'est le cas notamment de Julie Wuyts, étudiante diplômée en ingénieur civil de l'Université libre de Bruxelles, pour son mémoire intitulé « Analysis of the water quality produced by the riverbed filtration systems in Camiri, Bolivia ».
Pour réaliser ses recherches sur place, Julie a bénéficié d'une bourse de voyage de l'ARES. En mettant l’accent sur les aspects microbiologiques, l'objectif de son travail est d'évaluer la qualité de l'eau de la rivière Parapeti (Bolivie) après filtration sur lit de rivière.
EN SAVOIR + : www.isf-iai.be
Visite d'État au Japon : une occasion unique de mettre en avant la coopération académique et scientifique
Une importante délégation économique et académique accompagnera les souverains et les ministres fédéraux, régionaux et communautaires lors de la visite d’État au Japon, du 10 au 15 octobre prochains. L’occasion de mettre un coup de projecteur sur les succès de la coopération académique et scientifique entre nos deux pays. Et de l’intensifier d’autant plus.
Pas moins de 25 représentants du secteur académique en Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB) s’envolent pour le Japon. Parmi eux, les recteurs de nos six universités et les autorités de l’ICHEC Brussels Management School, de la Haute École Léonard de Vinci, de La Cambre, du FRS-FNRS et de l’ARES. Une présence qui démontre l’importance et le dynamisme de la coopération académique et scientifique belgo-japonaise.
Près de 60 % des 25-34 ans diplômés du supérieur
Pour assoir, entre autres, sa position de 3e puissance économique mondiale, le Japon peut sans aucun doute compter sur son système d’enseignement supérieur. Fondé notamment sur un lien étroit entre les établissements d’enseignement supérieur et les entreprises, il compte aussi parmi les plus performants au monde. Avec plus de trois millions d’étudiants, près d’un million de chercheurs et plus de 200 000 professeurs, le pays bénéficie d’un système d’enseignement supérieur très large et très diversifié qui le hisse aujourd’hui à la seconde place du podium des taux de diplômation des 25-34 ans proche de 60 % - soit le 2e pays de l’OCDE, juste derrière la Corée du Sud.
« De 2000 à 2015, le pourcentage de la population japonaise de 25-34 ans titulaires d’un diplôme de l’enseignement supérieur est passé de 47 % à 59 % »
En 2013, le Japon consacrait 1,6 % de son PIB à l’enseignement supérieur dont plus de 60 % de dépenses privées
Des systèmes aux airs familiers
Malgré des différences significatives – par exemple, près de 80 % des établissements japonais sont considérés comme privés et l’accès à l’enseignement supérieur est très sélectif –, les systèmes d’enseignement supérieur japonais et de la Fédération Wallonie-Bruxelles présentent de nombreuses similarités. Tous deux partagent une structure en trois cycles et reposent sur un modèle binaire avec, d’un côté, des cursus plutôt académiques et, de l’autre, des cursus plutôt professionnalisants ou technologiques. La forte capacité de valorisation de la recherche, l’autonomie importante des établissements et leur volonté de tendre vers l’excellence académique et scientifique sont autant d’autres traits de caractère communs.
« Le Japon compte 1224 établissements d’enseignement supérieur, dont 137 établissements nationaux, 122 établissements publics et 965 établissements privés »
« Top Global Universities »
Comme la Fédération Wallonie-Bruxelles, le Japon a pris ces dernières années des mesures volontaristes pour renforcer l’internationalisation de son enseignement supérieur. Si l’archipel reste relativement attractif auprès des étudiants et chercheurs internationaux, la population japonaise, elle, reste très peu mobile. En 2013, 1 % seulement des étudiants nippons poursuivaient leurs études à l’étranger. Les initiatives visent non seulement à renforcer cette mobilité, mais aussi à mieux positionner les établissements japonais au niveau mondial, par exemple par l’organisation de programmes en anglais ou par des financements incitatifs.
« Dans le cadre du programme du gouvernement Top Global Universities lancée en 2014, 34 universités recevront jusqu’à 7 millions d’euros pour prendre les initiatives nécessaires en vue de renforcer leur position mondiale, notamment dans les classements internationaux »
#BELJAP2016
Le volet académique des visites d’État a été renforcé ces dernières années, avec le soutien du Palais, des établissements d’enseignement supérieur et, pour la partie francophone, de Wallonie-Bruxelles International. Objectif : valoriser les réalisations de la coopération académique et scientifique avec les partenaires des pays visités, mais également favoriser de nouvelles collaborations.
La visite d’État au Japon s’inscrit pleinement dans cette dynamique. Le programme officiel prévoit deux activités académiques. À l’Université de Waseda (Tokyo), qui a établi récemment un bureau de liaison à Bruxelles, c’est une table-ronde sur les défis de l’internationalisation dont les conclusions seront partagées avec les souverains. À l’Université de Kobe, le Roi prendra part à un séminaire scientifique où seront présentés les résultats de collaborations dans le domaine de la recherche sur le cancer ou encore la pauvreté infantile. Les universités ainsi que l’École nationale supérieure des arts visuels de La Cambre signeront des accords de coopération avec des partenaires japonais à l’occasion de cette visite.
« Avec quelques 25 représentants académiques et scientifiques issus, il s’agit de la plus importante participation de la Fédération Wallonie-Bruxelles à une visite d’État »
Si les activités sont coordonnées par Wallonie-Bruxelles International, grâce à l’excellente collaboration avec Wallonie-Bruxelles Campus, l’ARES a pu jouer son rôle d’appui et de coordination pour maximiser la visibilité des établissements d’enseignement supérieur de la FWB durant les quelques jours sur lesquels s’étale la visite.
Le programme académique « Off »
La délégation académique de la FWB pourra également compter sur un programme de rencontres d’autres acteurs japonais préparé, à la demande des établissements, par l’ARES et WB Campus. Ainsi, la délégation académique de la FWB rencontrera le Japan Student Services Organization (JASSO), organisation essentiellement en charge de programmes de mobilité internationaux, et la Japan Society for the Promotion of Science (JSPS), principal fonds de recherche au Japon avec lequel le FRS-FNRS a déjà développé un accord de coopération.
« Au-delà de leur caractère protocolaire, les visites d’État, explique Julien Nicaise, administrateur de l’ARES, offrent une opportunité unique d’accroître la visibilité des collaborations académiques et scientifiques existantes, mais aussi d’ouvrir de nouvelles pistes de coopération. Le Japon constitue un pays prioritaire pour nos établissements d’enseignement supérieur. Cette priorité se traduit déjà par de nombreuses collaborations. La visite d’État sera l’occasion de les mettre en avant et d’envisager leur intensification. »
Composition de la délégation académique de la Fédération Wallonie-Bruxelles :
- Prof. Vincent Blondel (recteur, UCL)
- Prof. Calogero Conti (recteur, UMONS)
- Brigitte Chanoine (directrice-présidente, ICHEC)
- Prof. Albert Corhay (recteur, ULg)
- Tony Delcampe (ENSAV « La Cambre »)
- Prof. Dominique Demonté (ULB)
- Prof. Pierre Dusynckx (ULg)
- Prof. Yvon Englert (recteur, ULB)
- Yuan Feng (ULB)
- Geoffrey Grulois (ULB)
- Kevin Guillaume (ARES)
- Véronique Halloin (secrétaire générale, FRS-FNRS)
- Prof. Bertrand Hamaide (vice-recteur, USL-B)
- Prof. François Heinderyckx (ULB)
- Damien Huvelle (directeur-président, HE Vinci)
- Prof. Pierre Jadoul (recteur, USL-B)
- Prof. Steven Laureys (ULg)
- Prof. Pierre Leclerc (ULg)
- Cécile Liégeois (WBCampus)
- Caroline Mierop (directrice, ENSAV « La Cambre »)
- Julien Nicaise (administrateur, ARES)
- Prof. Jacques Piette (ULg)
- Frederik Ponjaert (ULB)
- Prof. Yves Poullet (recteur, UNamur)
- Prof. Andreas Thele (ULg)
- Prof. Yannick Vanderborght (USL-B)
Photo : CC BY-SA 3.0 / https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Waseda_University_-_Okuma_Statue_and_Okuma_Auditorium.JPG
Tunisie : mission courte, mais fort potentiel de renforcement de nos collaborations académiques et scientifiques
L’ARES était en Tunisie entre le 7 et le 9 septembre derniers. La délégation, emmenée par le professeur Serge Jaumain, ULB, président de la Commission des relations internationales de l’ARES, a rencontré les principaux acteurs de l’enseignement supérieur et de la recherche du pays. L’objectif : renforcer les collaborations académiques et scientifiques existantes. Une mission courte, mais qui a révélé une réelle volonté et un potentiel de renforcement de la coopération existante.
En novembre 2015, le ministre tunisien alors en charge de l’enseignement supérieur et de la recherche, Monsieur Chibeb Bouden, visitait l’ARES, accompagné d’une large délégation des hauts représentants de son ministère. La rencontre était organisée à l’occasion d’une étape cruciale pour l’enseignement supérieur et la recherche en Tunisie. En signant un accord d’association entre le pays et l’Union européenne au programme « Horizon 2020 », la Tunisie est ainsi devenue le premier pays africain associé au programme européen. L’étape, cruciale, ouvre des perspectives inédites tant pour les chercheurs tunisiens que pour leurs homologues européens.
Le budget alloué à l’Instrument européen de voisinage pour la coopération avec la Tunisie n’a cessé d’augmenter ces cinq dernières années pour atteindre plus de 180 millions d’euros en 2015.
Doper les relations existantes...
À l’occasion de la rencontre à Bruxelles, le ministre avait indiqué son souhait fort de renforcer les collaborations académiques et scientifiques avec la Fédération Wallonie-Bruxelles. Diversifier la coopération et renforcer des liens avec les pays francophones sont deux priorités.
Historiquement, les établissements d’enseignement supérieur tunisiens entretiennent des relations étroites avec leurs partenaires français. Pour le ministre, le potentiel d’un renforcement des collaborations existantes avec la Fédération Wallonie-Bruxelles devait être sérieusement envisagé, notamment dans la participation à des projets européens conjoints, dans l’appui à la valorisation de la recherche en Tunisie, le développement de cotutelles de thèse, etc. Chibeb Bouden avait donc proposé à l’ARES l’organisation d’une rencontre des présidents et responsables des établissements d’enseignement supérieur tunisiens et de la Fédération Wallonie-Bruxelles, cette fois en Tunisie.
En 2015-2016, près de 295 000 étudiants étaient inscrits dans l’enseignement supérieur (public et privé) en Tunisie, dont 63 % d’étudiantes. Parmi les doctorants, près de 70 % étaient des femmes.
...dans un contexte de défis majeurs
Depuis le Printemps arabe, de nombreux établissements d’enseignement supérieur ont cherché, de manière individuelle, à renforcer leurs collaborations avec leurs partenaires tunisiens. Cependant face aux défis majeurs auxquels est confrontée la Tunisie – en particulier, le chômage des jeunes, une stabilité politique encore fragile, des faits de corruption supposés encore observés aujourd’hui et la sécurité – les efforts entrepris n’ont généralement pas abouti.
Les membres de la Commission des relations internationales de l’ARES ont par conséquent privilégié l’organisation d’une mission exploratoire courte avec pour principal objectif de rencontrer les représentants de quelques établissements tunisiens et d’échanger avec eux sur les attentes respectives et les pistes concrètes de renforcement des coopérations.
Les collaborations académiques et scientifiques sont nombreuses entre la Fédération Wallonie-Bruxelles et la Tunisie. Nos établissements ont notamment développé un programme ‘Erasmus Mundus’ et mené quelques projets ‘Tempus’.
Emmenée par le professeur Serge Jaumain, ULB, président de la Commission des relations internationales, et soutenue par le Délégué Wallonie-Bruxelles à Tunis, Monsieur Christian Saelens, la délégation de l’ARES a rencontré l’Université de Tunis, l’Université de Tunis El Manar, l’Université de Tunis La Manouba, l’Université virtuelle de Tunis, mais également le Bureau national « Erasmsus+ » et le Bureau de liaison « Horizon 2020 ».
La délégation a eu également le privilège de rencontrer le nouveau ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, Monsieur Slim Khalbous, désigné quelques jours auparavant dans le nouveau gouvernement d’union nationale. Le ministre a réitéré la volonté de son prédécesseur de renforcer les collaborations académiques et scientifiques avec la Fédération Wallonie-Bruxelles. Il a également souligné sa priorité de mener à bien la réforme de l’enseignement supérieur qui devra renforcer l’autonomie des établissements tunisiens et donc impacter positivement leur coopération internationale.
Lors de ces rencontres très fructueuses, les représentants tunisiens ont confirmé de manière unanime leur volonté de renforcer les collaborations avec la Fédération Wallonie-Bruxelles. Ils ont également expliqué les défis auxquels les universités et établissements d’enseignement supérieur tunisiens sont confrontés aujourd’hui, défis auxquels de nouvelles collaborations devraient pouvoir répondre.
La Fédération Wallonie-Bruxelles, modèle et partenaire
Les partenaires tunisiens se sont montrés particulièrement intéressés par l’ARES. La structure et le mode de gouvernance du secteur en Fédération Wallonie-Bruxelles pourraient alimenter les travaux actuels en Tunisie sur la gouvernance de son système et de ses établissements d’enseignement supérieur.
Mais, au-delà des questions systémiques, les partenaires tunisiens envisagent aussi la Fédération Wallonie-Bruxelles comme une terre d’opportunité pour leurs chercheurs. Face au problème de chômage des docteurs et au manque de perspective pour les chercheurs tunisiens, les universités tunisiennes souhaitent accroître les possibilités de cotutelle de thèse ainsi que les opportunités postdoctorales pour leurs chercheurs.
Les universités rencontrées ont également souligné la quasi absence de système de valorisation de la recherche. Elles ont dès lors montré un intérêt tout particulier aux bureaux de transfert de technologies de nos universités, au réseau LIEU et à l’Interface Adisif.
Entre 2006 et 2016, le nombre d’étudiants tunisiens inscrits dans un établissement d’enseignement supérieur de la Fédération Wallonie-Bruxelles a presque doublé. En 2015-2016, quelque 250 étudiants tunisiens poursuivaient des études supérieures en Fédération Wallonie-Bruxelles.
Une excellence partagée, des collaborations déjà enclenchées
La délégation de l’ARES a également eu le privilège de visiter l’Institut Pasteur de Tunis. Celui-ci constitue un centre de référence dans la région, notamment dans la recherche sur les venins et les biomolécules thérapeutiques. Cette visite a permis de montrer l’excellence scientifique déjà présente en Tunisie.
Dans la cadre de la nouvelle programmation de coopération bilatérale de WBI avec la Tunisie, 16 projets relatif à la coopération académique et scientifique ont été sélectionnés. Ils concernent les domaines des sciences humaines et sociales, des sciences et développement durable, et les sciences de la santé.
Pour Julien Nicaise, administrateur de l’ARES, « cette mission a démontré que la volonté affichée du ministre tunisien en novembre dernier de renforcer la coopération avec nos établissements d’enseignement supérieur trouve un écho tout aussi favorable auprès des acteurs de terrain tunisiens. Les défis restent nombreux en Tunisie, mais un potentiel remarquable existe. Il ne reste plus qu’à envisager ensemble les pistes concrètes de coopération. C’est ce que nous ferons prochainement, en étroite collaboration avec Wallonie-Bruxelles International ».
Les bibliothèques des établissements d’enseignement supérieur désormais accessibles à tous les étudiants de la FWB
Les collections et les services proposés par les bibliothèques des établissements d’enseignement supérieur de la Fédération Wallonie-Bruxelles seront désormais accessibles à tous les étudiants et membres du personnel du supérieur, quel que soit leur établissement d’origine. Universités, hautes écoles, écoles supérieures des arts et promotion sociale : les quatre formes d’enseignement supérieur participent. Elles mutualisent l’accès aux collections et services de plus d’une centaine de bibliothèques et centre documentaires.
Dès cette année académique, les étudiants, enseignants, chercheurs et membres du personnel des 6 universités, 19 hautes écoles, 16 écoles supérieures des arts et 86 établissements d’enseignement supérieur de promotion sociale de la Fédération Wallonie-Bruxelles auront accès à toutes les bibliothèques dépendant de l’un ou l’autre de ces établissements.
Portée par l’Académie de recherche et d’enseignement supérieur (ARES), l’initiative prend la forme d’une convention qui consacre le principe d’égalité des droits entre les usagers des différentes institutions en termes d’accès aux bibliothèques.
Avec cette nouvelle collaboration menée à l’échelle de la Fédération, l’ARES et les établissements des quatre formes d’enseignement supérieur concrétisent leur volonté de maximiser l’accès aux ressources documentaires.
Pour Paul Thirion, directeur des bibliothèques de l’Université de Liège et président de la Commission des bibliothèques et des services académiques collectifs de l’ARES, « optimiser l’utilisation des ressources documentaires en mutualisant l'accès aux bibliothèques et à leurs collections et services représente une avancée importante pour les étudiants et le personnel, et, plus généralement, pour la qualité de notre enseignement et de notre recherche ».
Concrètement, en présentant sa carte d’étudiant ou de membre du personnel, l’utilisateur pourra accéder gratuitement à l’ensemble des bibliothèques des établissements signataires. Seul le cout de fabrication de la carte d’accès pourra lui être réclamé. Le service de prêt lui sera aussi accessible, avec la possibilité, pour la bibliothèque « hôte », de restreindre malgré tout certaines modalités telles que la durée ou le nombre d’ouvrages empruntables simultanément.
« Le projet qui aboutit aujourd’hui démontre la volonté d'ouverture et de collaboration des bibliothèques afin de permettre à tous ces usagers d'accéder à une information la plus large et la plus complète possible », précise Paul Thirion.
Outre le principe de partage de ressources, la convention prévoit aussi, selon les possibilités techniques de chacune des bibliothèques, l’échange des chiffres relatifs à l’inscription des usagers « externes » et à leur usage des services offerts, notamment leurs statistiques d’emprunt.
L’initiative constitue un exemple concret de la mission générale que poursuit l’ARES de promouvoir les collaborations et les mises en commun entre établissements d’enseignement supérieur. La convention entrera en application dès cette année, pour une durée indéterminée.
Le Comité Femmes et Sciences passe à la vitesse supérieure
<h4><strong>Le 1<sup>er</sup> avril dernier, le Comité Femmes et Sciences de la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB) est passé à la vitesse supérieure : un décret l’a institué en tant qu’organe consultatif chargé d’émettre des recommandations à l’attention du Gouvernement sur la question du genre dans les carrières scientifiques et académiques. Le comité voit ainsi ses travaux institutionnalisés, légitimés, dotés d’un objectif et de missions formels. </strong><strong>Le décret prévoit aussi que l’ARES l’accueille et en assure le secrétariat. La première réunion du comité depuis son installation s’est tenue ce 17 mai dernier, l’occasion de revenir sur son histoire, son rôle et ses perspectives.</strong> </h4>
<h2><em><strong>Une histoire qui débute dans les années 2000…</strong></em></h2><p>En 2008, la DGESVR a « relancé » les travaux du comité qui avaient débuté en 2000 déjà, lorsque la Commission européenne avait créé le « Groupe d’Helsinki », un groupe d’experts chargé de promouvoir les femmes dans les sciences au sein des États membre de l’Union européenne (UE) et des États associés.</p><p>Ce groupe, réuni pour la première fois à Helsinki en 1999, dans un centre de conférence situé au bord de la mer, par un jour sombre et glacial du mois de décembre, avait posé le constat suivant : il n’y a pas assez de femmes dans les sciences, les postes à responsabilité sont occupés par des hommes et les donnés statistiques ventilées par sexe manquent pour agir concrètement. Des correspondants par pays avaient donc été désignés pour récolter des chiffres.<br><br> </p><h3><em><strong>… avec le « Groupe d’Helsinki »</strong></em></h3><p>Le groupe avait également constaté que le système de recherche n’avait pas suivi l’évolution de la société et continuait à fonctionner selon un modèle qui ne permettait pas d’assurer un équilibre entre vie professionnelle et vie familiale.</p><p>Aujourd’hui, le Groupe d’Helsinki est devenu un forum de rencontre et d’échange de bonnes pratiques entre la Commission européenne et les États membres auquel participe la DGESVR. À ses côtés, le Comité Femmes et Sciences participe à la récolte d’informations transmises à la Commission européenne sur les mesures prises pour favoriser l’égalité des genres et pour améliorer la participation des femmes au monde scientifique.<br><br> </p><h2><em><strong>Une question d’équité et d’efficacité</strong></em></h2><p>L’étude Alma Mater, Homo Sapiens II sur les inégalités entre les hommes et les femmes dans les universités francophones de Belgique soulignait que, malgré l’augmentation du nombre des étudiantes à l’université et leur meilleur taux de réussite, leur présence décroit au fur et à mesure de la montée des échelons de la hiérarchie académique et scientifique ainsi que dans les instances décisionnelles : « <em>L’exclusion des femmes des postes les plus élevés de la carrière universitaire ne rime guère avec l’image de l’université dépositaire de valeurs universelles au nom desquelles les différences, les clivages entre les classes et les sexes sont neutralisés.</em> »</p><p>L’étude relevait encore que « <em>la question des inégalités entre femmes et hommes se pose bien évidemment en terme d’équité, mais </em>[…]<em> aussi en termes d’excellence et d’efficience</em> » , ce qui se peut par exemple se traduire, en recherche biomédicale, par des «<em> protocoles basés sur des études menées sur un seul sexe</em> » – des "<em>sujets mâles</em>" – « <em>généralisés et appliqués à toute la population</em> » .<br><br> </p><h2><em><strong>Les causes : individuelles et institutionnelles</strong></em></h2><p>Plusieurs groupes de facteurs sont considérés comme étant les causes de ces inégalités ou, comme le mentionne l’étude, comme « <em>les déterminants du paradoxe qui fait que la féminisation de la population étudiante ne se traduit pas par une hausse du pourcentage des femmes aux échelons les plus élevés de la carrière académique</em> ».</p><p>L’enquête menée par les auteures de l’étude a mis en lumière deux groupes de facteurs : les facteurs individuels et institutionnels. Les premiers se réfèrent essentiellement à la difficulté de concilier vies professionnelle et familiale dans un contexte institutionnel marqué par « <em>le poids du modèle masculin sur la conception dominante de la carrière universitaire</em> » auquel s’ajoutent des critères et procédures de nomination et de promotion défavorables aux femmes.</p><p>Ces critères basés sur l’excellence se réfèrent à des modes de fonctionnement qui privilégient les hommes, par exemple la disponibilité pour une mobilité internationale de longue durée, un nombre de publications élevé, l’affirmation de soi et la visibilité, l’intégration au sein de réseaux porteurs qui procurent un soutien direct.</p><p>Les chercheures se retrouvent donc confrontées à un « plafond de verre », au phénomène du « tuyau percé » , à l’effet Matilda , c’est-à-dire qu’elles sont moins visibles que les hommes, reçoivent moins de supports pour développer leur carrière, sont en charge de tâches moins prestigieuses, etc. D’où une réflexion sur les critères utilisés pour évaluer les travaux des chercheurs en faveur du concept d’alter-excellence.<br><br> </p><h2><em><strong>Objectif et missions du Comité Femmes et Sciences</strong></em></h2><p>Le comité a pour objectif de «<em> favoriser la participation équilibrée des hommes et des femmes parmi les chercheurs et les enseignants des universités et à y développer une politique du genre</em> » par la formulation d’avis et de recommandations ainsi que l’échange d’information et de bonnes pratiques.</p><p>Il a également pour missions de faciliter, en matière d’égalité hommes-femmes, la mise en œuvre des recommandations de la Commission européenne relatives à la Charte européenne du chercheur et au Code de conduite pour le recrutement des chercheurs et de participer à la définition des positions de la FWB auprès du Groupe d’Helsinki.</p><p>Les travaux du Comité Femmes et Sciences s’inscrivent en effet dans le cadre de cette charte publiée en 2005 par la Commission européenne qui recommande aux États membres de « <em>contribuer au développement d’un marché européen du travail attrayant, ouvert et durable pour les chercheurs</em> […] » ,<em> de leur offrir des régimes de développement de carrière durables à toutes ses étapes et de veiller à « l’équilibre entre les sexes au moyen d’une politique d’égalité des chances au moment du recrutement et aux étapes ultérieures de la carrière</em> ». Ainsi, par exemple, «<em> pour que l’égalité de traitement soit assurée, les comités de sélection et d’évaluation devraient refléter un équilibre adéquat entre hommes et femmes</em> ».</p><p>En FWB, cette recommandation de la Commission européenne s’est traduite, en 2011, par le Partenariat Wallonie-Bruxelles pour les chercheurs et les chercheuses, et, pour ce qui concerne l’égalité entre femmes et hommes dans les carrières scientifiques et académiques, par six actions spécifiques dont la pérennisation du Comité Femmes et Sciences .</p><p>En début de législature communautaire , le Comité Femmes et Sciences a défini 3 actions-phares nécessaires à l’amélioration de l’égalité femmes-hommes au sein des carrières scientifiques de la FWB : documenter la situation, mener des actions pour l’égalité dans la profession, et stimuler la recherche et l’enseignement du genre.<br><br> </p><h2><em><strong>Les « personnes de contact genre »</strong></em></h2><p>L’un des moyens de documenter la situation est de renforcer le groupe des « personnes de contact genre » présentes au sein des six universités de la FWB et du FRS-FNRS. Ces personnes participent aux travaux du Comité Femmes et Sciences. Créé en 2013, ce groupe a 3 missions, celle d’information, notamment par la rédaction d’un rapport institutionnel sur l’état de l’égalité de genre dans les universités, celle de sensibilisation et celle de mise en réseau au sein des universités et du FRS-FNRS.</p><p>Financé par la FWB dans le cadre de la Charte du chercheur (EURAXESS), le groupe des « personnes de contact genre » assure un rôle d’échange et d’information entre le Comité Femmes et Sciences, les universités et le FRS-FNRS quant à l’état d’avancement des politiques de genre mises en œuvre au sein des institutions.<br><br> </p><h2><em><strong>Vers un master interuniversitaire en genre</strong></em></h2><p>Parmi les actions à mener en faveur de l’égalité dans la profession, le comité a rédigé une note argumentée en vue d’une harmonisation par le haut des congés circonstanciels qui, sur la base d’un état des lieux dans chaque université, propose des mesures visant à améliorer la carrière des femmes dans le monde scientifique et de la recherche . </p><p>Pour stimuler la recherche et l’enseignement du genre, le Comité Femmes et Sciences prépare actuellement un master interuniversitaire de spécialisation en genre qui pourrait être proposé dès l’année académique 2017-2018.<br><br> </p><h2><em><strong>L’institutionnalisation du Comité Femmes et Sciences</strong></em></h2><p>Lors de sa réunion du 17 mai dernier, le comité s’est « installé » à l’ARES qui l’accueille et assurera désormais le secrétariat de ses travaux. Les membres ont désigné son nouveau président, Bernard Fusulier, professeur de sociologie à l'Université catholique de Louvain (UCL) et spécialiste des articulations et des médiations sociales dans les sociétés contemporaines. L'articulation de la vie professionnelle avec la vie familiale constitue son principal axe de recherche actuel.</p><p> </p><p><strong>EN SAVOIR + :</strong></p><ul><li>Le <a href="fr/a-propos/instances/commissions-permanentes/femmes-et-sciences" target="_blank">Comité Femmes et Sciences</a> sur le site web de l'ARES<br> </li><li>Meulders D., O’Dorchai S., Simeu N., <a href="https://www.ulb.ac.be/ulb/presentation/docs/Synthese_almamater.pdf" target="_blank"><em>Étude Alma Mater, Homo Sapiens II- Les inégalités entre femmes et homes dans les universités francophones de Belgique</em></a>, synthèse, Bruxelles : ULB - DULBEA, avec le soutien de la FWB</li><li><a href="http://ec.europa.eu/euraxess/pdf/brochure_rights/eur_21620_en-fr.pdf&qu…; target="_blank">Recommandation de la Commission du 11 mars 2005 concernant la charte européenne du chercheur et un code de conduite pour le recrutement des chercheurs</a></li><li><a href="http://www.fnrs.be/docs/Brochure_Partenariat_FR.pdf" target="_blank">Partenariat Wallonie-Bruxelles pour les chercheurs et les chercheuses adopté par le gouvernement de la FWB le 26 mai 2011, action 19 du chapitre Egalité Hommes-femmes</a></li></ul><p><br>Photo : © M. Houet</p><p> </p><div> </div>
Le premier centre public de PMA du Maroc rend la procréation médicalement assistée accessible à tous
Le premier centre public de procréation médicalement assistée (PMA) du Maroc a été mis en place avec l’appui de l’ARES et de la Coopération belge dans le cadre d’un partenariat entre l’ULB et la faculté de médecine de l’Université de Rabat. Il a été inauguré le 20 mai 2016 au Centre hospitalier universitaire Ibn Sina (Rabat) en présence de l'Ambassadeur de Belgique et des partenaires scientifiques du projet : les Prof. Yvon Englert et Rachid Bezad. Le personnel marocain a été formé dans les centres de FIV de l'ULB (Hopital Érasme) et de l'ULg (Hopital de la Citadelle), qui a également soutenu le projet. Avec ce nouveau centre, le cout de la prise en charge de l’infertilité est diminué de 50 % et l’enseignement des techniques de PMA est désormais possible au Maroc.
L’infertilité du couple au Maroc est un problème de santé public réel. Il est d’autant plus difficile à surmonter en raison de ses aspects psychosociaux et d’une prise en charge jusqu’ici couteuse et réservée à une minorité aisée de la population.
Le centre permet aujourd’hui la prise en charge diagnostique et thérapeutique de l’infertilité, la diminution de la souffrance du couple touché et l’amélioration du statut de la femme infertile pour un cout réduit de moitié par rapport aux tarifs pratiqués par le privé et désormais accessible à tous.
Le projet a été largement soutenu par l’Université de Rabat, qui a financé sur fonds propres la construction du bâtiment. Les équipements ont été acquis sur le financement belge et la formation du personnel (médecins, biologistes, techniciens de laboratoire, personnel infirmier) menée en collaboration entre l’Hopital Érasme, l’Hopital de la Citadelle, le CHU Ibn Sina et leurs universités « mères ».
Jusqu’alors impossible au Maroc, la formation en technique de PMA des résidents de gynécologie-obstétrique est aussi désormais assurée directement par l’Université de Rabat et son CHU via le centre de PMA et le Centre national de la santé reproductive dont il fait partie.
Pour Yvon Englert, « le projet et le centre démontrent la possibilité d’un transfert de technologie complexe, comme la culture cellulaire, dans le secteur public et l’importance d’implémenter la capacité des universités marocaines à assurer une formation médicale très spécialisée au bénéfice du service public et des patients ».
Le centre de PMA, lancé à titre pilote depuis un peu plus d’un an, a déjà permis de prendre en charge de plus de 400 couples. Selon Yvon Englert, « on n’est pas au bout de ce qu’il y a moyen de faire ». L’équipe de recherche étudie la possibilité d’encore réduire les couts, sans impacter les résultats. La possibilité d’inclure la PMA dans la nomenclature des caisses de prévoyance sociale marocaines est aussi examinée en partenariat avec le centre. Enfin, sous l’impulsion de ce dernier, le ministère de la Santé travaille à l’élaboration d’un cadre légal et de normes sanitaires spécifiques à la PMA.
EN SAVOIR + :
Le centre de PMA a vu le jour dans le cadre d’un projet de coopération scientifique porté par les Prof. Yvon Englert (ULB) et Rachid Bezad (Université de Rabat), mené en partenariat avec l’ULg et financé via l’ARES par la Coopération belge au développement : « Développement, implémentation et évaluation d'un programme de Prise en charge à bas prix des problèmes de Stérilité du couple dans le Secteur Public au Maghreb: projet pilote et transfert de technologies – PSSP » (2009-2014)
Photo : Y. Englert
Les enquêtes « emploi du temps » au service de l’égalité hommes-femmes
Pérou - Quatre étudiantes de l’UCL avaient un beau projet : mettre en pratique sur le terrain et dans un pays en développement ce qu’elles ont appris durant leurs études. L’ARES leur a octroyé une bourse qui leur a permis de se rendre dans les Andes péruviennes et d’y étudier la répartition du travail entre les hommes et les femmes dans des communautés rurales.
Passer de la théorie à la pratique
Séverine Detaye, Florence Dewez, Odile Hubermont et Regina Rush ont étudié la « répartition des soins » au sein des familles dans des communautés rurales d’Ocongate, dans une perspective de genre, en se demandant : « En quoi le genre est-il une approche nécessaire dans la dynamique du développement local ? ». Guidées par le prof. Isabel Yepez de l’Ecole des sciences politiques et sociales de l’UCL, elles ont repris et adapté la méthodologie participative d’analyse des soins basée sur des entretiens collectifs et individuels élaborée par OXFAM pour analyser la division du travail entre les hommes et les femmes de ces communautés andines.
Cette méthodologie, inspirée des « enquêtes emploi du temps », leur a permis de récolter des chiffres sur le temps passé au travail domestique et au travail rémunéré par les hommes et par les femmes. Les chiffres obtenus sont transmis aux autorités locales et universitaires. Ils constituent aussi un outil de sensibilisation à l’importance du travail des femmes.
Des « enquêtes emploi du temps » à la question du genre
Qu’apporte la méthode « enquête emploi du temps » aux recherches sur le genre dans un contexte de développement ? Mathilde Van Drooghenbroeck, socioanthropologue, chercheuse et doctorante à l’UCL explique que « les enquêtes emploi du temps ont toujours une logique de base identique : on demande à un individu de décrire ses activités demi-heure par demi-heure sur sa journée et même durant la nuit pour examiner comment il alloue son temps entre ses différentes activités. Dans une perspective de genre, cela permet de voir comment un homme et une femme d’une société donnée distribuent leur temps entre travail rémunéré et non rémunéré sur une journée. La technique permet de rendre visible la division sexuelle du travail ».
Rendre visible la division sexuelle du travail
Par exemple, dans la société péruvienne où se sont rendues les quatre étudiantes, les femmes ont, par journée, une charge de travail globale plus grande que celle des hommes. Elles allouent aussi davantage de leur temps à des tâches non rémunérées qu’à des tâches rémunérées. Cet exemple montre, précise Mathilde Van Drooghenbroeck, que « le temps consacré aux tâches domestiques « vient en moins » de celui que l’on peut dédier aux tâches rémunérées. En d’autres mots, « la charge liée au travail domestique devient un obstacle pour l’accès des femmes au marché du travail, à une autonomie économique et, dans certains contextes nationaux, à la protection sociale puisque celle-ci va souvent de pair avec le travail rémunéré » précise la chercheuse.
Du travail domestique au monde du travail
Si l’on envisage le « care », c’est-à-dire le travail de soin ou « travail domestique » au-delà de l’exemple péruvien, poursuit-elle, « on constate que les femmes se consacrent plus fréquemment à ce travail, ce qui relève du construit social, c’est-à-dire de l’image que la société façonne à partir d’une donnée biologique ». Le plus souvent, ce sont elles qui réduisent leur temps de travail pour s’occuper de personnes dépendantes, c’est-à-dire de jeunes enfants, de proches âgés, malades ou avec un handicap, ce qui va notamment générer des problèmes de droits sociaux. Pour la chercheuse, « on peut aussi voir des traces de ce schéma dans le milieu du travail où les professions du « care », qui ne sont généralement pas les métiers les mieux rémunérés, sont principalement assumées par les femmes, et peut-être même au sein des organisations où la division du travail est un des facteurs qui expliquent le phénomène du plafond de verre ».
Rendre visibles des inégalités latentes
Au-delà de rendre visible la division du travail et la surcharge de travail domestique portée par les femmes, l’un des usages fait des résultats des enquêtes emploi du temps dans certains pays consiste à valoriser monétairement ce travail en l’intégrant à la comptabilité nationale via les comptes satellites. Le travail domestique n’entrant pas dans le calcul du PIB, il s’agit de le valoriser au moyen de calculs alternatifs. Les « enquêtes emploi du temps », en quantifiant de façon nette et significative l’allocation respective du temps par les hommes et les femmes, sont « pédagogiques » dans la mesure où elles rendent visible des inégalités latentes.
La recherche-action au service du développement
L’outil utilisé dans le cadre du projet des quatre étudiantes est différent. Il s’agit de collecter des données en se basant sur la participation collective des acteurs de la communauté locale tout en visant une sensibilisation de ces derniers. Mathilde Van Drooghenbroeck précise qu’il s’agit là d’un type de recherche particulier : la recherche-action. « Dans la méthodologie d’Oxfam, explique-t-elle, on travaille par groupes de membres d’une communauté, en plusieurs étapes, avec des bilans intermédiaires, afin d’analyser, de susciter la prise de conscience et la transformation du travail et des rôles respectifs des hommes et des femmes, en vue d’une valorisation ou d’une redistribution éventuelle. Ce sont là deux manières de travailler sur ces inégalités : rendre visible et valoriser d’une part ; redistribuer d’autre part. Dans le registre de la recherche-action, au-delà de la recherche, on vise le changement social ».
La transformation de la paternité
La thèse de doctorat que prépare Mathilde Van Drooghenbroeck cherche à comprendre comment la paternité se transforme dans le contexte andin contemporain en étudiant les systèmes de soin ou de « prise en charge » des jeunes enfants des villes andines. Cette recherche est menée en identifiant qui s’occupe des jeunes enfants, qui sont les acteurs qui assument ce travail de soin – la famille nucléaire, élargie, les crèches publiques et privées, l’emploi domestiques – et comment se situent les pères par rapport à ces acteurs du soin. « Mon travail est de sonder le lien entre « hommes » et « care », dans une perspective de genre et développement. Car en ce qui concerne les inégalités hommes-femmes, il faut voir le système dans son entièreté et étudier aussi la situation des hommes, notamment la question du soin. »
Les chaines globales du soin
Mathide Van Drooghenbroeck relève que cette problématique du soin est aussi une question globale qui connecte le Nord et le Sud : « Énormément de travailleuses migrent du Sud vers le Nord pour reprendre des tâches domestiques que des femmes du Nord ne peuvent plus assumer. Celles-ci solutionnent le problème domestique en le déléguant à des femmes du Sud. On appelle cela les « chaînes globales de soin ». Pauvreté et « care » précaire sont liés : « dans certaines situations familiales, certaines personnes n’auront pas le droit à un « care » digne, par exemple, certains enfants du Sud seront privés de leur mère par un départ vers le Nord. Le droit au « care » devrait faire partie des droits humains ». Cet important axe de recherche est étudié au Centre d’études du développement par les professeurs Laura Merla et Isabel Yépez.
Mettre les lunettes du genre
Mathilde Van Drooghenbroeck a travaillé précédemment pour la Coopération technique belge au Pérou comme responsable de la thématique « genre » dans un programme de développement économique local. L’ARES ayant aussi intégré cette approche « genre » dans ses activités de coopération académique, nous lui avons demandé son avis sur la question. Pour elle, deux stratégies existent : le gender mainstreaming et la mise sur pied de projets spécifiques qui travaillent à diminuer les inégalités entre les hommes et les femmes. La première consiste à « mettre les lunettes du genre dans tout ce qui est fait, explique la doctorante, mais on reproche à cette approche de « noyer le poisson» et de rester théorique. Pour elle, « les deux doivent coexister et il est important qu’une personne spécifique soit garante de la question au niveau de l’organisation ».
Dans les projets et programmes de coopération au développement, elle considère qu’il faut, aux différentes étapes, « se poser la question de la situation spécifique des uns et des autres, de leurs besoins et intérêts, car les hommes et les femmes ne connaissent pas les mêmes situations dans une société donnée ». Des mesures peuvent par exemple être prises de manière à assurer la participation des femmes aux formations techniques qui sont organisées. « C’est un des petits changements que nous avions promu dans le programme pour lequel j’ai travaillé. Dans l’élevage de vaches au Pérou, ce sont principalement les femmes qui font paitre et qui assurent la traye. Or, nous avions constaté qu’aux formations sur la traite hygiénique permettant d’avoir un label de qualité, seuls assistaient les hommes, parce que les invitations leurs étaient exclusivement adressées et les formations, fixées à des moments qui ne convenaient pas aux productrices au vu de leurs autres responsabilités, notamment domestiques. »
En réalisant un diagnostic de l’activité productive de cette filière étape par étape pour examiner qui, des hommes et des femmes, faisaient quoi, les équipes sur place ont ainsi pu mieux intégrer les femmes dans les activités promues, contribué à valoriser leur travail et à soutenir leur participation à la prise de décision au niveau des associations de producteurs. « C’est cela, concrètement, mettre les lunettes du genre dans un projet de coopération au développement » explique Mathilde : avoir cette préoccupation constante que l’unité de référence ne doit pas être celle de l’homme ».
Une exposition itinérante sur le thème des « Femmes rurales à Ocongate-Cusco, Pérou »
Les quatre étudiantes de l’UCL qui sont allées étudier sur le terrain avec le soutien de l’ARES en ont ramené une exposition itinérante. Elle tourne jusqu’au 10 juin dans des établissements du Pôle académique Louvain.
EN SAVOIR + : Femmes rurales à Ocongate-Cusco, Pérou
Mathilde Van Drooghenbroeck est socioanthropologue spécialisée dans les questions de genre. Elle est chercheuse au Centre d'études du développement et au Centre interdisciplinaire de recherche sur les familles et les sexualités de l’IACCHOS (Institut d’analyse du changement dans l’histoire et les sociétés contemporaines) de l’UCL. Elle réalise actuellement une thèse de doctorat en sciences sociales, appliquant une perspective de genre sur les transformations de la paternité dans les Andes urbaines.