Documents et outils
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ZOOM / Rencontre avec Denis Bertieaux, lauréat du Prix Philippe Maystadt
Cet épisode met à l'honneur Denis Bertieaux (Université de Mons) récompensé dans le cadre du Prix Philippe Maystadt, pour son travail de fin d’études.
Podcast ZOOM / Rencontre avec Mathieu Demarets, lauréat du Prix Philippe Maystadt
Cet épisode met à l'honneur Mathieu Demarets (Université libre de Bruxelles) récompensé dans le cadre du Prix Philippe Maystadt, pour son travail de fin d’études.
ZOOM / Rencontre avec Valentine Dehem, lauréate du Prix Philippe Maystadt
Cet épisode met à l'honneur Valentine Dehem (Haute École Galilée) récompensée dans le cadre du Prix Philippe Maystadt, pour son travail de fin d’études.
MIDI/Enseignement - Valoriser et stimuler la recherche sur l'enseignement dans les établissements d'enseignement supérieur
Le Prix Philippe Maystadt, en partenariat avec le journal Le Soir, récompense des travaux de fin d’études qui couvrent les différentes dimensions de l’enseignement, avec un focus particulier sur l’enseignement supérieur selon une approche prospective ou innovante susceptible d’offrir des retombées pour l’enseignement en général, qui soient potentiellement transposables à l’échelle de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
Au terme de cette 5e édition, sept travaux couvrant des thématiques variées ont été récompensés :
PRIX « BAC »
Ce prix a été remis à Valentine Dehem, Haute école Galilée, et récompense un travail s’intitulant : « Le conflit de loyauté entre cultures familiales et scolaires. Comment les enseignants perçoivent et traitent le conflit de loyauté ressenti par les élèves venant de cultures familiales différentes de celles de l’école ? Étude de cas réalisée dans une école à discrimination positive à Bruxelles ». L'autrice met en lumière un phénomène appelé « conflit de loyauté » chez les enfants. Ce conflit se manifeste lorsque les enfants, issus de milieux familiaux aux règles et valeurs différentes de celles de l'école, ressentent un décalage entre leur vie à la maison et à l'école. Et l’autrice de soulever le questionnement suivant : une plus grande prise de conscience et compréhension du conflit de loyauté par les enseignants et enseignantes pourrait-elle modifier leur rapport quotidien avec leurs élèves et leurs parents ?
Les membres du jury ont par ailleurs attribué une mention spéciale à Claire Kozak, Haute École en Hainaut, pour son travail de fin d’études intitulé : « La double transition écologique et numérique à l’école primaire. Comment sensibiliser les enfants du cycle 4 à l’impact du numérique sur l’environnement ? ».
PRIX « MASTER »
Ce prix a été décerné à Mathieu Demarets, Université libre de Bruxelles, pour son mémoire intitulé « Analyse de l’impact direct et indirect de l’examen d’entrée en sciences médicales et dentaires de la Fédération Wallonie-Bruxelles sur le mix social des étudiants ». Ce mémoire examine le rôle d'ascenseur social de l'enseignement supérieur en Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB), en se concentrant sur l'impact de l’instauration d’un filtre à l’entrée sur le mix social des étudiantes et étudiants en sciences médicales et dentaires. Plus précisément, l’auteur a souhaité répondre à la question fondamentale de savoir si un double filtre (l’examen d’entrée et le filtre naturel, à savoir le premier cycle supérieur) est plus ou moins favorable aux étudiantes et étudiants issus de milieux socio-économiques défavorisés par rapport à un filtre unique. Les analyses révèlent que le double filtre est légèrement favorable aux étudiantes et étudiants les plus défavorisés en termes de réussite relative car il a diminué les chances d’obtenir un diplôme à temps pour l’ensemble du corps étudiant, mais relativement moins pour celles et ceux qui sont les plus défavorisés. Cela se traduit donc par une diversification du mix social de la population étudiante.
Toujours concernant le prix Master, Céline Chomé, Université catholique de Louvain, a obtenu une mention spéciale du jury pour son mémoire intitulé : « Représentations du phénomène de « violences gynécologiques et obstétricales» par les assistantes en spécialisation de gynécologie-obstétrique à l'UCLouvain ».
PRIX « HORAIRE DÉCALÉ »
Lors de cette cinquième édition, un prix « horaire décalé » a été remis pour la première fois. Ce prix a été attribué à Denis Bertieaux, Université de Mons, pour son mémoire de fin de master intitulé : « Le bien-être des enseignants en Fédération Wallonie-Bruxelles et au Québec en relation avec le concept de capital psychologique ». Cette thématique est essentielle dans le contexte actuel de pénurie. L’étude souligne l’influence du bien-être de l’enseignant·e sur ses performances professionnelles mais aussi sur le bien-être des élèves. Des prolongements à cette analyse sont possibles dans la formation initiale des enseignant·es et des formateurs et formatrices des futur·es enseignant·es.
PRIX « DOC »
Deux thèses ont été récompensées ex-aequo. Audrey Renson, Université de Liège, a été primée pour sa thèse intitulée « Le débat de société public régulé en anglais langue étrangère en Belgique francophone. État des lieux sur les pratiques déclarées et expérimentation d’un enseignement explicite vs implicite du genre ». L'enquête initiale révèle un manque d'outils et de formations spécifiques pour aider à enseigner les genres textuels malgré leur utilisation fréquente en classe. L’autrice propose donc de combler ces manquements et de comparer deux approches afin de tendre vers plus d’efficacité au cours de langue étrangère. L'expérimentation menée avec des établissements secondaires démontre que l'enseignement explicite du DSPR est plus efficace que l'enseignement implicite et présente une plus-value pour l’apprentissage de la langue étrangère.
Cédric Vanhoolandt, Université de Namur, a également été primé pour sa thèse intitulée : « Conception d'outils diagnostiques et d'un entraînement du contrôle inhibiteur d'heuristiques en sciences. Aspects didactiques et transfert dans les disciplines scientifiques chez des adolescents en situation scolaire ». Les résultats mettent en évidence des lacunes persistantes en raisonnement chez les élèves du secondaire, un lien significatif avec le contrôle inhibiteur des apprenants et apprenantes et révèlent qu'une majorité d'étudiantes ou d’étudiants du supérieur n’ont pas atteint la capacité de raisonner de façon abstraite. L'entraînement neurocognitif montre des progrès significatifs, tout particulièrement auprès des jeunes adolescentes et adolescents, et corroborent que des individus initialement moins performants progressent davantage, suggérant des applications pour un enseignement différencié. L'étude souligne la possibilité d'un transfert de capacités cognitives hors contexte, du contrôle inhibiteur vers les disciplines scientifiques, et propose des outils pratiques, dont l'application "NeuroCoach", pour enrichir notre enseignement secondaire et supérieur en Fédération Wallonie-Bruxelles.
« Valoriser et stimuler la recherche sur l'enseignement dans les établissements d'enseignement supérieur »
Bruxelles · Mardi 23 avril 2024
RESSOURCES
- « Le conflit de loyauté entre cultures familiales et scolaires. Comment les enseignants perçoivent et traitent le conflit de loyauté ressenti par les élèves venant de cultures familiales différentes de celles de l’école ? Étude de cas réalisée dans une école à discrimination positive à Bruxelles », Valentine Dehem, Haute école Galilée ;
- « La double transition écologique et numérique à l’école primaire. Comment sensibiliser les enfants du cycle 4 à l’impact du numérique sur l’environnement ? », Claire Kozak, Haute École en Hainaut ;
- « Analyse de l’impact direct et indirect de l’examen d’entrée en sciences médicales et dentaires de la Fédération Wallonie-Bruxelles sur le mix social des étudiants », Mathieu Demarets, Université libre de Bruxelles ;
- « Représentations du phénomène de « violences gynécologiques et obstétricales» par les assistantes en spécialisation de gynécologie-obstétrique à l'UCLouvain », Céline Chomé, Université catholique de Louvain ;
- « Le bien-être des enseignants en Fédération Wallonie-Bruxelles et au Québec en relation avec le concept de capital psychologique », Denis Bertieaux, Université de Mons ;
- « Le débat de société public régulé en anglais langue étrangère en Belgique francophone. État des lieux sur les pratiques déclarées et expérimentation d’un enseignement explicite vs implicite du genre », Audrey Renson, Université de Liège ;
- « Conception d'outils diagnostiques et d'un entraînement du contrôle inhibiteur d'heuristiques en sciences. Aspects didactiques et transfert dans les disciplines scientifiques chez des adolescents en situation scolaire », Cédric Vanhoolandt, Université de Namur.
QUAND ?
Mardi 23 avril 2024, dès 11h30 – Fin à 14h00
- 11h30 - 12h00 : accueil des participantes et participants – sandwiches lunch
- 12h00 - 12h05 : mot d'introduction
- 12h05 - 14h00 : présentations des travaux et séances de questions/réponses avec les lauréates et lauréats
OÙ ?
ARES (5e étage)
Rue Royale 180
1000 Bruxelles
QUOI ?
Les Midis de l'ARES sont des conférences-débats organisées par l'ARES à l'heure du déjeuner (Bruxelles, 12h-14h) autour de questions liées à l'enseignement supérieur, à son internationalisation, à la coopération académique au développement, etc. Structurés autour de l'intervention de plusieurs panélistes, les Midis de l'ARES sont conçus comme un espace de valorisation d'initiatives ou de travaux de recherche, de réflexion et d'échanges constructifs entre tous les actrices et acteurs intéressés par les questions abordées, qu'ils soient du monde académique, de la recherche, étudiant, issu des ONG, politique ou d'entreprise...
La participation est gratuite, mais l'inscription est requise.
Le « Prix Philippe Maystadt pour l’enseignement de demain » récompensera les meilleurs travaux sur l’enseignement
L’ARES lance aujourd’hui, en collaboration avec le journal Le Soir, le « Prix Philippe Maystadt pour l’enseignement de demain ». Ce prix récompensera les étudiants ayant produit une étude ou une recherche innovante sur l’enseignement ou l’éducation. Françoise Tulkens, ancienne vice-présidente de la Cour européenne des droits de l’homme, assurera la présidence du jury.
L’ancien président du conseil d’administration de l’ARES (2014-2017), le ministre d’État Philippe Maystadt, s’est largement investi dans le développement et l’amélioration du système éducatif de la Fédération Wallonie-Bruxelles, particulièrement dans les dernières années de sa vie. Il avait notamment fait le constat que les travaux des étudiants et des doctorants de l’enseignement supérieur constituaient des ressources précieuses, mais que ceux-ci étaient parfois trop peu utilisés et valorisés.
Durant l’année 2017, Philippe Maystadt et l’administrateur de l’ARES, Julien Nicaise, avaient donc fait émerger l’idée de créer une série de prix récompensant les travaux d’étudiants portant spécifiquement sur l’enseignement. Cette idée originale se concrétise aujourd’hui et c’est en toute logique qu’il a été décidé de l’intituler « Prix Philippe Maystadt pour l’enseignement de demain » en son hommage, pour saluer son engagement pour l’enseignement et sa volonté d’anticiper et de préparer l’avenir en la matière.
Stimuler et valoriser les recherches portant sur l’enseignement
Le « Prix Philippe Maystadt pour l’enseignement de demain » récompensera les travaux originaux, innovants et inédits portant sur les différentes dimensions de l’enseignement.
Concrètement, trois prix seront attribués :
- un prix « Bac » d’une valeur de 2 000 euros pour un travail de fin d’études de premier cycle, en université, en haute école, en école supérieure des arts ou dans un établissement d’enseignement supérieur de promotion sociale,
- un prix « Master » de 2 000 euros pour un travail de fin d’études de deuxième cycle, dans tout établissement d’enseignement supérieur également,
- et enfin un prix « Doc » de 4 000 euros récompensant une thèse de doctorat.
Le prix est ouvert à tous les étudiants et doctorants, quelle que soit leur filière ou domaine d’étude (tous les domaines d’études sont admissibles). Les travaux de bachelier et de master devront avoir été sanctionnés par une note de 16/20 au minimum pour être éligibles.
Cette première édition couvre les travaux réalisés durant les années académiques 2017-2018 ou 2018-2019.
Les membres du jury évalueront les candidatures selon les critères suivants : la thématique abordée et son lien avec l’enseignement supérieur, l’originalité et le caractère novateur et prospectif, le cadre théorique, la rigueur méthodologique et scientifique, ainsi que les retombées potentielles du travail pour l’enseignement supérieur.
Les candidats ont jusqu’au 15 octobre 2019 pour remettre leur candidature. Les résultats seront communiqués début 2020 lors d’une séance publique. Ceux-ci rédigeront également un article de vulgarisation qui sera publié. Ce potentiel de vulgarisation est important dans une perspective de stimuler et de mettre en valeur les travaux scientifiques sur l’enseignement supérieur. Une valorisation dans laquelle les acteurs non institutionnels ont leur rôle à jouer. À ce titre, Le Soir consacrera une partie de ses colonnes aux travaux présentés ainsi qu’à des entretiens avec les lauréats.
Un jury composé de personnalités reconnues
Suite à l’initiative de Jean-Pierre Hansen, président du Conseil d’administration de l’ARES, Françoise Tulkens, ancienne vice-présidente de la Cour européenne des droits de l’homme, a accepté d’assurer la présidence du jury. Elle sera épaulée dans sa tâche par plusieurs personnalités reconnues du monde académique et de la société civile.
Liste des membres du jury
- Françoise Tulkens, présidente du jury, ancienne vice-présidente de la Cour européenne des droits de l’homme et coprésidente de l’Institut de promotion des formations sur l’islam
- Philippe Busquin, ministre d’État et ancien commissaire européen chargé de la recherche scientifique
- Étienne Davignon, ministre d’État, ancien vice-président de la Commission européenne et président de l’Institut Egmont
- Philippe Delfosse, inspecteur général honoraire de l’enseignement secondaire ordinaire
- Béatrice Delvaux, éditorialiste en chef au journal Le Soir
- Thomas Dermine, coordinateur du plan « CATCH »
- Virginie Dufrasne, administratrice déléguée de Lixon
- Marc Fiévet, ancien directeur de l’École supérieure des affaires de Namur et membre du Conseil général de l’enseignement de promotion sociale
- Caroline Pauwels, rectrice de la Vrije Universiteit Brussel
- Vinciane Pirenne-Delforge, professeure au Collège de France et à l’Université de Liège
- Sébastien Van Droogenbroeck, vice-recteur à l’enseignement de l’Université Saint-Louis – Bruxelles
- Julien Nicaise, secrétaire du jury, administrateur de l’ARES
EN SAVOIR+ : consultez la page dédiée à l'appel
Cuba : l’agroécologie au service d’un chocolat d’excellence
Le prof. Pierre Bertin (UCL) a bénéficié d’un financement de l’ARES pour mener des recherches en faveur de l’amélioration de la qualité du cacao produit dans la région de l’Oriente (Baracoa) à Cuba. De son côté, Nico Regout, fondatrice de la maison Marcolini et fervente défenderesse du « bean-to-bar », a suscité la création d’une tablette de chocolat à partir des fèves exceptionnelles du terroir de Baracoa. Interview et regards croisés d’un scientifique et d’une experte en cacao, tous deux en recherche d’excellence.
La recherche scientifique et la formation de personnel hautement qualifié sont un leitmotiv des activités de coopération au développement. « C’est l’appui à une formation de qualité que nous pouvons apporter » nous déclare d’emblée Pierre Bertin, que nous avons rencontré dans son bureau de l’Earth and Life Institute et de la faculté des bioingénieurs de l’UCL.
Il commence par nous parler de ses convictions personnelles. « J’ai étudié l’agronomie parce que je voulais participer au développement durable. Il est au cœur de mes préoccupations et, en faisant de la coopération au développement, je recherche la jonction entre le développement durable et celui des pays du "Sud", deux dimensions du développement qui ont toujours été présentes dans les différents projets interuniversitaires auxquels j’ai contribué ».
L’un de ces projets de recherche1, Pierre Bertin l’a mené à Cuba, dans la région de Baracoa. L’ambassade de Belgique l’a contacté suite à l’initiative de deux chercheurs cubains qui estimaient que la production de cacao devait être améliorée : ils avaient constaté que des aspects qualitatifs de la filière devaient être revus, à commencer par la sélection de cabosses de qualité et les aspects phytosanitaires de la culture.

© Ph. Bertin
Les aspects de la postrécolte posaient problème, en particulier la fermentation, une phase très délicate dans le cas du cacaoyer car les graines de la cabosse ne sont pas dormantes. Pierre Bertin nous explique que « dès que la cabosse est à maturité, il faut la cueillir, enlever les graines et mettre immédiatement celles-ci en fermentation. Cette phase pose un énorme problème à Cuba car le transport par camion ou par charrette, des champs reculés vers les petites usines de transformation, est irrégulier et difficile. Les fèves pourrissent en quelques jours, c’est-à-dire avant d’arriver à l’usine où doit se faire la fermentation. » Les étapes suivantes, c’est-à-dire la torréfaction, qui permet d’obtenir la poudre de cacao, et la fabrication du chocolat posaient également problème.
La formation au service du développement durable
À Cuba, les propriétaires sont rassemblés en coopératives qui comprennent toutes leur vulgarisateur, le technicien responsable de la transmission des connaissances au bénéfice des agriculteurs. Il est la première personne de contact lorsqu’un agriculteur rencontre un problème. C’est lui qui se met en relation avec la station de recherche de l’UCTB Baracoa pour envoyer des conseillers. Pierre Bertin précise qu’il est donc nécessaire que ces personnes soient correctement formées. « À la station de Baracoa, on a formé des phytopathologistes et des techniciens, et renforcé le système des formations dispensées par les techniciens aux paysans. Il s’agit donc d’un renforcement des capacités. »
Il estime qu’à Cuba, « il y a moyen de produire un chocolat de qualité grâce à de petites coopératives géographiquement bien situées, ce qui résoudrait les problèmes du transport, en organisant la récolte de façon rigoureuse, c’est-à-dire tous les jours en période de production, et en assurant la fermentation dans de bonnes conditions. Un tel projet mené à une échelle maîtrisable et locale pourrait motiver les entreprises et les administrations cubaines à le rependre à leur compte, d’autant qu’un nouveau débouché apparaît avec la future ouverture des marchés et l’arrivée d’une clientèle de touristes américains notamment ceux d’origine cubaine. Dans ce cadre-là, il serait possible de travailler dans une optique de développement durable et de générer des gains au profit des petites coopératives cubaines. »
Un projet de recherche véritablement agroécologique
Pierre Bertin a l’intention de poursuivre les recherches en approfondissant l’étude de l’écosystème et de la façon dont la phytotechnie peut favoriser la flore commensale. « Avec les collègues cubains, nous avons étudié la génétique, les souches de pathogènes, la flore commensale, la flore bactérienne du sol avec notamment des effets antagonistes sur les maladies. On a mis en évidence le fait que certains arbres sont nécessaires pour le développement de levures qui sont transportées par des insectes (des mouches), levures qui sont fondamentales pour la fermentation. Celle-ci doit donc se faire dans les régions cacaoyères mêmes. Actuellement, les conditions de transformation ne sont pas bonnes mais le processus est très naturel et ne comporte pas d’adjuvant. »

© Ph. Bertin
Il nous explique qu’« anciennement, les plantations de cacaoyers étaient fertilisées au moyen d’engrais chimiques et de pesticides. Lorsque l’URSS s’est disloquée et que la source de ces produits s’est tarie, une importante crise est survenue car l’écosystème n’était plus du tout adapté à fonctionner sans ces adjuvants. Il y a eu une explosion des maladies, notamment de phytophthora palmivora (la pourriture de la cabosse). La situation s’est ensuite améliorée grâce au pathosystème et à une flore commensale qui se sont rééquilibrés. » Il veut poursuivre ses recherches et mettre sur pied un projet véritablement agroécologique englobant la protection de l’environnement, la lutte contre les conséquences du changement climatique et la préservation des sols.
De l’agroécologie à la tablette de chocolat
La Belgique étant le royaume du chocolat, nous avons demandé à Pierre Bertin si nos chocolatiers pourraient s’approvisionner à Cuba en fèves de Baracoa, vu leurs qualités exceptionnelles. Il nous a répondu : « C’est déjà le cas : Marcolini s’est rendu à Cuba et produit un chocolat à partir de la filière de Baracoa sur laquelle nous avons travaillé. » Nous avons donc contacté la célèbre maison Marcolini pour connaitre l’histoire de leur découverte des fèves de Baracoa et de la naissance de la tablette de chocolat Oriente de Cuba – Baracoa.

© Le Cercle du cacao
Nico Regout, fondatrice de la maison Marcolini et experte en cacao, nous a reçus dans sa maison qui est aussi le siège du Cercle du cacao qu’elle définit comme « un carrefour d’expertise fournissant aux chocolatiers "bean-to-bar"–c’est-à-dire de la fève à la tablette – des fèves d’exception, de variétés identifiables et de terroirs traçables, issues d’un commerce plus équitable, produites dans un environnement plus durable, respectueux de la biodiversité. »
Le caractère exceptionnel du cacao de Baracoa
Elle nous explique qu’elle est arrivée à Baracoa indépendamment des travaux de recherche du prof. Bertin : « Compte tenu de mon expertise d’achat du cacao directement auprès du producteur, j’ai été appelée par l’ambassade de Belgique à Cuba afin de participer à un congrès. C’est là qu’a commencé une grande aventure puisqu’après une année de négociations, vers 2008, la maison Marcolini a été la première à importer le cacao de Baracoa. C’était la première fois que le mot Baracoa était mis en avant car le cacao vendu par le passé était présenté comme d’origine cubaine et complètement mélangé. Le cacao de Baracoa ne ressortait pas comme le diamant qu’il est. J’ai trouvé qu’il avait un arôme exceptionnel notamment au moment de la torréfaction, en plus de ses saveurs et de ses flaveurs, ce qui est rare et pas toujours explicable. C’est vrai qu’à Cuba, la transformation du cacao n’est pas encore tout à fait au point et, en ce qui me concerne, je ne veux que du cacao séché au soleil. Mais je considère que le cacao de Baracoa est un cru de propriété parce qu’il provient d’un terroir bien défini. Car le cacao ne peut être dissocié de l’environnement dont il provient ainsi que des sols qui le produisent. »

© Ph. Bertin
Nico Regout nous explique l’une des raisons du caractère exceptionnel de ce cacao : « S’il n’y a pas de risque de pénurie de cacao en général, il y en a véritablement un pour les cacaos fins et les cacaos rares qu’il est indispensable de préserver. À Baracoa, grâce à l’embargo, les variétés anciennes telles que les criollo, des trinitario, des forastero ont été préservées. Les Cubains ont compris que la valeur de leur cacao passait par la préservation de leurs variétés anciennes et ils ont su garder leur patrimoine tout en augmentant leur productivité. Ils ont replanté plusieurs variétés de criollo et développé le principe des fermes modèles. »
Une collaboration entre chocolatiers et chercheurs
Nico Regout collabore depuis longtemps avec les universités pour leur apporter différents cacaos, en particulier les criollo, notamment pour étudier leur teneur en polyphénols. Mais son domaine de prédilection, c’est le « bean-to- bar » sur lequel elle collabore notamment avec le prof. Sonia Collin de l’UCL : « Sonia Collin a mis au point une chaine de fabrication "bean-to-bar". Elle me demande des petites quantités de différents cacaos pour effectuer des recherches sur les torréfactions à différentes températures et étudier s’il y a plus ou moins d’antioxydants. Nous nous échangeons des informations : je lui fais découvrir les différents terroirs et lui apporte ma connaissance du terrain ; elle m’apporte des preuves scientifiques car je ne suis pas bioingénieur. »
Nico Regout nous explique encore qu’en Belgique, « la maison Marcolini est la première à avoir travaillé en dehors des couverturiers, à être allée chercher les fèves chez le producteur et à les avoir transformées. Nous étions allés à Pise voir Amadei, des chocolatiers italiens qui travaillaient à partir de la fève. Nous nous sommes ensuite équipés pour produire du "bean-to-bar". C’était un retour aux sources car il y a 100 ans tous les chocolatiers belges travaillaient également de la sorte. »
« Je fais partie des indignés du chocolat »
Elle estime qu’avec une bonne maitrise, on peut produire des quantités plus importantes en ayant un prix beaucoup plus élevé que le prix de la bourse et établir une rémunération juste en travaillant avec le moins d’intermédiaires possible. Elle se dit consciente de « déranger le monde industriel » et souhaite que « l’on sache qu’il y a trop de monopoles : il n’y a jamais eu dans le vin autant de monopoles que dans le chocolat. Certains chocolats sont vendus sans que l’on connaisse le pays d’origine. Une nouvelle norme est en préparation obligeant à indiquer le pays et la région d’origine mais pas la variété de chocolat. Mais il ne suffit pas d’avoir le terroir, il faut aussi mentionner la variété. » Et elle conclut en disant : « Je fais partie des indignés du chocolat car je suis pour le slow cacao. »
L’université et l’avenir du chocolat cubain
Lorsque l’on demande au prof. Bertin quel a été le plus grand succès du projet de recherche qu’il a mené à Baracoa, il répond sans hésiter que c’est la formation doctorale des étudiants cubains et la création des trois laboratoires de recherche à l’Université de Guatanamo – un laboratoire in vitro, un deuxième de biologie moléculaire et un troisième de microbiologie – alors qu’auparavant, il n’y en avait aucun.
« La formation universitaire de haut niveau est fondamentale pour le développement de la filière locale et l’Université de Guantanamo manquait d’expérience en coopération internationale et en recherche universitaire. Ces labos ont un impact favorable sur l’université et les doctorants sont rapidement devenus professeurs expérimentés sur place. Le fait qu’ils aient effectué de la recherche au niveau international est réellement un plus pour leur université. »
Une plus-value, et une garantie supplémentaire pour le développement et la consolidation d’une filière cacao locale et durable, tant d’un point de vue économique qu’environnemental : une filière… « slow cacao ».
1. Projet « Appui à l’amélioration de la qualité du cacao produit dans la région de l’Oriente de Cuba : aspects agronomiques », 2008-2013, UCL - Université de Guantanamo / Université de La HavaneJosé Antonio MACHUCA / Estación Central de Investigaciones de Café y Cacao - ECICC, Cruce de los Baños.
Photos : © Ph. Bertin / Photo n°4 : Le Cercle du cacao
