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En 2016, l’ARES a proposé au Gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles 20 nouveaux programmes d’études supérieures pour l’année académique 2016-2017. L’ARES compte en effet parmi ses missions celle d’analyser les demandes d’organiser un programme d'études, en termes plus techniques, les « demandes d’habilitation ». De quoi s’agit-il ? Qu’est-ce précisément qu’une habilitation, quelle est sa raison d’être, quel est le rôle de l’ARES et quelle est la nouveauté ?

Masters en « architecture transmédia », en « cybersécurité », en « agroécologie » ou encore en  « management de l’innovation et de la conception des aliments » : ces formations nouvelles et parfois innovantes ont toutes de bonnes chances d’être proposées aux étudiants dès la rentrée de septembre 2016 dans la mesure où, après le gouvernement, le parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB) vient d'approuver les propositions d’habilitation que l’ARES a soutenues.

Une habilitation, qu’est-ce que c’est ?

Conformément au décret « Paysage », une habilitation est la capacité accordée à un établissement d'enseignement supérieur d'organiser un programme d'études sur un territoire donné et de délivrer des certificats et des diplômes. Plus simplement : l’habilitation permet à un établissement d’organiser un programme d’études supérieures.

L’ARES exerce une série de missions et, parmi elles, celle de recueillir les demandes d’habilitations des établissements, de les analyser et de les sélectionner en fonction de critères précis pour les proposer au gouvernement qui, à son tour, les soumet au vote des parlementaires.

Son rôle est de veiller à la cohérence de l'offre et du contenu des études : éviter les redondances, les spécialisations injustifiées, les concurrences stériles entre formes d'enseignement et entre types d’établissement. En tant qu’espace de concertation et de coordination entre établissements, l’ARES promeut la collaboration entre eux.

Quelle est la procédure ?

Au plus tard en octobre, les établissements introduisent auprès de l’ARES un dossier de demande d’habilitation qui est examiné par son conseil d’administration. Celui-ci consulte préalablement la ou les chambre(s) thématique(s) concernée(s). L’ARES comprend en effet trois chambres thématiques – universités, hautes écoles et enseignement supérieur de promotion sociale, écoles supérieures des arts –, chambres qui rassemblent des représentants de chacune des quatre formes d'enseignement supérieur.

« Une procédure légale à la fois de qualité et plus transparente »


Par le passé, il n’y avait pas de procédure particulière, explique Julien Nicaise, administrateur de l’ARES. « Auparavant, lorsqu’un établissement voulait proposer une nouvelle formation, il en faisait la demande directement soit auprès du ministre, soit auprès de son organisme faitier, soit encore auprès d’un parlementaire. La situation était désordonnée, floue, peu transparente et les établissements n’étaient pas toujours au courant des demandes déposées par d’autres. Maintenant, nous avons une procédure légale à la fois de qualité et plus transparente, c’est-à-dire comportant des critères spécifiques et connus de tous, ce qui permet parfois des ajustements entre établissements. Ce nouveau système a donc permis de rassurer les établissements, de mieux réguler les demandes et, si nécessaire, de prendre le temps de remettre un dossier plus peaufiné. »

La nouveauté : la transparence et l’équité

Ce qui est nouveau dans la procédure formelle mise en place par l’ARES depuis 2014, c’est donc la transparence et l’équité de traitement des demandes d’habilitation, l’objectif étant d’harmoniser l’offre d’enseignement supérieur, de bien la répartir sur l’ensemble du territoire et d’éviter des redondances inutiles. 

La première année, en 2014, pour l’année académique 2015-2016, « les établissements ont été informés de la procédure et des critères. Lorsqu’ils ont introduit leur demande, nous avons alors réalisé que la façon dont ils le faisaient était encore trop disparate, à la fois sur le fond et sur la forme. Du coup, en 2015, nous avons davantage cadré les demandes en établissant un formulaire, un calendrier, un canevas plus précis. Et l’ensemble du processus a été plus facile à mettre en place », poursuit Julien Nicaise.

Des critères d’analyse objectifs et communs

Les critères de recevabilité et d’analyse des demandes d’habilitation sont objectifs et communs aux quatre formes d’enseignement supérieur. In fine, ils doivent garantir une cohérence globale et un équilibre collectif de l’offre, en harmonie avec les demandes locales et les moyens humains, intellectuels, matériels et financiers disponibles.

La nouvelle formation doit répondre à un enjeu sociétal, à un besoin socioéconomique ou à une nécessité d’actualisation. Elle doit aussi présenter une plus-value par rapport aux formations existantes


Outre les critères de recevabilité administrative, par exemple comporter une analyse des perspectives d’emploi pour les futurs diplômés, les demandes doivent rencontrer des critères généraux de recevabilité : la nouvelle formation doit répondre à un enjeu sociétal, à un besoin socioéconomique ou à une nécessité d’actualisation. Elle doit aussi présenter une plus-value par rapport aux formations existantes, notamment en termes de publics visés. Les demandes sont analysées en fonction de critères spécifiques également. Par exemple, elles doivent démontrer l’absence de concurrences ou de redondances au sein de la zone géographique dans laquelle elles s’inscrivent.

Si, au départ, les critères sont définis par le décret « Paysage » pour ce qui concerne la non-redondance, la non-concurrence et le haut niveau de haute qualité, ils ont ensuite été affinés par le conseil d’administration. « On pourrait les caractériser en disant qu’il y a trois types de critères, précise l’administrateur : primo, les critères académiques, pédagogiques qui relèvent de la qualité de la formation et du niveau de certification ; secundo, des critères liés à la bonne utilisation des deniers publics, soit la non-redondance des formations, la coorganisation ou la codiplomation par plusieurs établissements ; et tertio, les critères sociétaux, c’est-à-dire la réponse à un besoin ou à une demande de la société. »

Quel accueil les établissements lui ont-ils réservé ?

Au début, « la réaction était mitigée ». « Les établissements étaient à la fois heureux de bénéficier d’un dispositif plus clair et d’une réelle possibilité d’ouverture, mais aussi un peu anxieux d’avoir à jouer la transparence », poursuit l'administrateur. Ce qui est intéressant, « c’est le saut qualitatif, entre le premier exercice en 2014 et le deuxième en 2015, dans la constitution des dossiers qui ont été mieux construits et mieux réfléchis. »

Maintenant « avec un canevas clair et compte tenu du fait que les demandes traitées par le conseil d’administration sont préparées en chambres thématiques par les établissements eux-mêmes, chacun en a bien compris le fonctionnement. Finalement, ils s’autoévaluent et s’autorégulent, conformément au principe de fonctionnement de l’ARES qui consiste à ce que les établissements bénéficient des services de l’ARES et les gèrent tout à la fois ».

Avec la nouvelle procédure, il y a certainement eu un apaisement car « depuis plusieurs années, estime Julien Nicaise, le fonctionnement était devenu stressant, stratégique, plein de questionnements ». Désormais les établissements savent qu’il y a une procédure. Elle est certes contraignante, mais « elle comporte des critères connus et justes ». Sur le long terme, ce fonctionnement devra être évalué, notamment en ce qui concerne les coorganisations et les codiplomations. Le décret « Paysage » les encourage, mais, poursuit l’administrateur, « il faudra sans doute examiner si elles peuvent s’appliquer de manière uniforme à tous les cursus et à toutes les filières ».

12 formations inédites et 14 formations organisées conjointement entre plusieurs établissements


En 2015, l’ARES a reçu 22 demandes d’habilitation. Après analyse, elle a proposé au gouvernement de la FWB 20 programmes pour l’année 2016-2017. Parmi elles, 12 formations inédites et 14 formations organisées conjointement entre plusieurs établissements. En 2014, elle avait reçu 53 demandes et en avait sélectionné 10 qui ont toutes été acceptées par le gouvernement et le parlement de la FWB.

Côté établissements, quels avantages y voit-on ? 

La question des avantages de cette procédure a été posée à trois représentants d’établissements qui ont introduit des demandes d’habilitation. Tous trois ont mis l’accent sur la collaboration entre formes d’enseignement ou entre type d’établissements. Elle instaure, selon eux, un dialogue, apporte un enrichissement mutuel et rassemble des cultures institutionnelles et disciplinaires différentes.

Elle permet aussi de mieux répondre aux besoins sociétaux, ne serait-ce que parce que l’ampleur des besoins en compétences ne peut plus forcément être couverte par un établissement seul.

Mieux répondre aux besoins sociétaux

C’est le cas du master en « management de l’innovation et de la conception des aliments » organisé conjointement par l’Université de Liège (ULg), l’Université de Namur (UNamur) et la Haute École Charlemagne, à Liège.

La caractéristique du secteur industriel de l’agroalimentaire, explique Philippe Lepoivre, professeur à l’ULg et doyen de Gembloux Agro-Bio Tech, est qu’il est constitué de petites entreprises qui ne disposent pas toujours d’une compétence couvrant tous les aspects nécessaires à la conception de nouveaux aliments et à leur important besoin d’innovation. La Belgique et l’Europe occidentale ont en effet une population vieillissante qui a des besoins particuliers et des préoccupations marquées envers la santé, de sorte que, précise le professeur, « les compétences attendues de personnes qui vont piloter de nouveaux projets de création d’aliments ne sont plus apportées par les masters traditionnels, qui sont plutôt monodisciplinaires ». Dans ce cas-ci, le projet devait réunir des agronomes, des médecins ou des vétérinaires puisqu’il s’agit d’alimentation humaine et aussi animale, des sociologues capables d’analyser et de formaliser plus finement les attentes du consommateur. « Une démarche de créativité qui ne va pas de soi puisqu’il faut imaginer de nouveaux produits, et donc avoir une pensée divergente par rapport aux produits et aux solutions classiques », poursuit Philippe Lepoivre. Il fallait même apporter des technologies qui étaient isolées, par exemple le packaging, « une compétence importante qu’a la Haute école Charlemagne et qui n’était pas associée aux formations classiques de bioingénieur dans le domaine alimentaire ».

« C’est le manque manifeste de formation dans ce domaine, alors que la demande des entreprises est importante, que les partenaires ont ainsi voulu combler »


Cette préoccupation de réponse à un besoin sociétal est identique pour le master en « stratégie et analyse de la communication interactive et collaborative » créé conjointement par l’Université Saint-Louis-Bruxelles (USL-B) et la Haute École du Groupe ICHEC - ISC Saint Louis – ISFSC, à Bruxelles.

Depuis 5 ou 10 ans, explique Bertrand Hamaide, professeur à l’université bruxelloise dont il est aussi vice-recteur à l'enseignement et aux relations internationales, les organisations et les entreprises privées ou publiques ont changé leur manière de communiquer en prenant appui sur les médias collaboratifs. « C’est la montée en puissance de cette communication collaborative qui nous impose d’enrichir notre panel de formation. Les personnes qui travaillent dans la communication ou avec ces nouveaux médias n’ont pas forcément été formées pour cela, même si elles ont appris sur le tas », ajoute-t-il. C’est le manque manifeste de formation dans ce domaine, alors que la demande des entreprises est importante, que les partenaires ont ainsi voulu combler. « Une formation spécifique n’existait pas vraiment alors que les entreprises en recherchent vraiment et le programme comporte des cours et des travaux pratiques qui répondent à leurs besoins récents. »

Rassembler des cultures différentes pour un enrichissement mutuel

Pour Bertrand Hamaide, la collaboration entre ces deux types d'établissement, une université et une haute école, s’est révélée profitable. « Nos deux cultures étaient différentes : la haute école arrivait avec son aspect pratique, que nous n’avons pas, ce qui est un avantage pour nous. Nous arrivions avec notre aspect méthodologique et analytique que la haute école a moins. En travaillant seuls chacun de son côté, le résultat aurait été moins bon. Cette collaboration nous a fait réfléchir et revoir nos propres programmes de formation. On a donc été gagnants sur deux plans : un nouveau programme intéressant et un changement à la marge de notre programme de premier cycle. »

« Les collaborations s’installent et – enfin ! – les formes d’enseignement se parlent entre elles, ce qui n’existait pas avant »


Pour Georges Sironval, directeur-président de la Haute École Albert Jacquard, à Namur, cette procédure d’habilitation permet aussi de doter les nouvelles formations de réelles perspectives d’avenir et de s’assurer de leurs débouchés à long terme.

Son établissement a créé, avec l’UNamur et l’Institut supérieur de musique et de pédagogie (IMEP), un master en « architecture transmedia » rassemblant ainsi trois types d’établissement, une haute école, une université et une école supérieure des arts. « Maintenant, nous sommes obligés de collaborer puisque les habilitations doivent se faire en coorganisation ou en codiplomation. Les collaborations s’installent et – enfin ! – les formes d’enseignement se parlent entre elles, ce qui n’existait pas avant. » Auparavant, explique le directeur-président, chacun avait son domaine bien spécifique et essayait de ne pas empiéter sur celui du voisin, « auquel on ne parlait d’ailleurs pas… alors que l’on tellement de choses à faire ensemble, manifestement ! ».

 

Habilitations 2016-2017

Type court :

Bachelier en alternance en mécatronique et robotique
Haute École de Namur-Liège-Luxembourg (Henallux) et Haute École libre mosane (HELMO) en coorganisation - arrondissement de Liège. Domaine 19 (sciences de l'ingénieur et technologie) - Catégorie technique

Bachelier en coaching sportif
Haute École de la Province de Liège (HEPL) et Haute École Charlemagne en coorganisation - arrondissement de Liège. Domaine 10 (sciences psychologiques et de l'éducation) - Catégorie pédagogique

Bachelier en orthoptie
Haute École de la Province de Liège (HEPL) et Haute École de la Ville de Liège (HEL) en coorganisation - arrondissement de Liège. Domaine 10 (sciences psychologiques et de l'éducation) - Catégorie paramédicale

Bachelier en vente :

1. Instituts d'enseignement de promotion sociale de la Communauté française (IEPSCF) de Dour, de Colfontaine et de Jemappes en codiplomation - arrondissement de Mons. Domaine 9 (sciences économiques et de gestion)
2. École supérieure des Affaires de Namur (ESA Namur) et École industrielle et commerciale de la Ville de Namur (EICVN) en codiplomation - arrondissement de Namur. Domaine 9 (sciences économiques et de gestion)

Spécialisation en imagerie médicale diagnostique et interventionnelle

1. Haute École Galilée - Région de Bruxelles-Capitale. Domaine 11 (sciences médicales) - Catégorie paramédicale - motivation expresse justifiant l’absence de partenariat
2. Haute École Louvain en Hainaut (HELHA) - arrondissement de Charleroi. Domaine 11 (sciences médicales) - Catégorie paramédicale - motivation expresse justifiant l’absence de partenariat

Spécialisation interdisciplinaire en radiothérapie
Haute École Galilée, Haute École Louvain en Hainaut (HELHA), Haute École de Namur-Liège-Luxembourg (Henallux), Haute École de la Province de Liège (HEPL) et Haute École Léonard de Vinci en coorganisation ou en codiplomation - Région de Bruxelles-Capitale et arrondissements de Charleroi et de Liège. Domaine 11 (sciences médicales) - Catégorie paramédicale

Spécialisation en préparation physique et entraînement
Haute École Charlemagne, Haute École de la Province de Liège (HEPL) et Haute École libre mosane (HELMo) en coorganisation - arrondissement de Liège. Domaine 10 (sciences psychologiques et de l'éducation) - Catégorie pédagogique

Type long :

Master en dessin
École supérieure des Arts de la Ville de Liège (ESA VdLiège) et École nationale supérieure des Arts visuels de La Cambre (La Cambre) en coorganisation - arrondissement de Liège et Région de Bruxelles-Capitale. Domaine 22 (arts plastiques, visuels et de l'espace)

Master en ingénierie de la prévention et de la gestion des conflits
Haute École de la Province de Liège (HEPL) qui détient déjà l’habilitation et Université de Liège (ULg) en codiplomation - arrondissement de Liège. Domaine 6 (sciences politiques et sociales)

Master en architecture transmédia
À partir de 2016-2017 : Haute École Albert Jacquard (HEAJ), Université de Namur (UNamur) et Institut supérieur de musique et de pédagogie (IMEP) en codiplomation - arrondissement de Namur
Puis, dès que possible : Haute École Albert Jacquard (HEAJ), Université de Namur (UNamur), Institut supérieur de musique et de pédagogie (IMEP), Institut des arts de diffusion (IAD) et Université catholique de Louvain (UCL) en codiplomation - arrondissements de Namur et de Nivelles. Domaine 19 (sciences de l'ingénieur et technologie)

Master en cybersécurité
Université libre de Bruxelles (ULB), École royale militaire (ERM), Université de Namur (UNamur), Université catholique de Louvain (UCL), Haute École de Bruxelles (HEB) et Haute École libre de Bruxelles Ilya Prigogine en codiplomation - Région de Bruxelles-Capitale et arrondissements de Namur et de Nivelles. Domaine 17 (sciences)

Master en agroécologie
Université de Liège (ULg), Université libre de Bruxelles (ULB) et Université de Paris-Saclay en codiplomation - arrondissements de Namur et d’Arlon, Région de Bruxelles-Capitale et Paris. Domaine 18 (sciences agronomiques et ingénierie biologique)

Master en management de l’innovation et de la conception des aliments
Université de Liège (ULg), Université de Namur (UNamur) et Haute École Charlemagne en codiplomation - arrondissements de Liège et de Namur. Domaine 18 (sciences agronomiques et ingénierie biologique)

Master de spécialisation en sociologie-anthropologie
Université libre de Bruxelles (ULB) - Région de Bruxelles-Capitale. Domaine 6 (sciences politiques et scociales)

Master en business Analyst
Haute École Groupe ICHEC-ISC Saint-Louis-ISFSC et Haute École Léonard de Vinci en coordiplomation – Région de Bruxelles-Capitale. Domaine 19 (sciences de l'ingénieur et technologie)

Master en alternance en sciences informatiques
Université de Mons - Arrondissement administratif de Charleroi. Domaine 17 (sciences)

Master en sciences du travail, à finalité en alternance
Université libre de Bruxelles – Arrondissement administratif de Charleroi. Domaine 6 (sciences politiques et sociales)

Master en sciences du travail en alternance
Université de Liège – Arrondissement administratif de Liège. Domaine 6 (sciences politiques et sociales)

 

Photo : © Thierry Maroit

 

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